C’est un bras de fer qui aurait pu tout faire capoter. Juin 2024 : la convention médicale est signée malgré le vif désaccord – tranché in extremis – entre MG France et Avenir Spé–Le Bloc, les deux grandes forces monocatégorielles du paysage syndical.
Majoritaires dans leur collège respectif, les deux organisations ont en effet poussé leurs pions au maximum. À la tête de MG France, la Dr Agnès Giannotti a posé comme un prérequis le passage dès 2024 de la consultation de référence à 30 euros, une mesure emblématique qui faisait pencher la balance du côté des généralistes. De son côté, le Dr Patrick Gasser, patron d’Avenir Spé, fourbissait ses armes pour réclamer avec force un accès élargi à la cotation de l’avis ponctuel du consultant (APC, 60 euros). Son idée était que les spécialistes puissent appliquer l’APC sans obligation de passer par la case médecin traitant, autrement dit par exemple lorsqu’un spécialiste sollicite directement un confrère. Un casus belli pour MG France, qui dénonça une remise en cause du parcours de soins. Les deux leaders auront longtemps campé sur leurs positions, chacun ayant conscience que son paraphe serait essentiel. Dans la dernière ligne droite, le DG de la Cnam a déminé le terrain en proposant un élargissement limité de l’APC à la prise en charge du patient n’ayant pas de médecin traitant lorsqu’il est hospitalisé. Et la création d’un groupe de travail ad hoc… Deux semaines plus tard, MG France et Avenir Spé signaient la convention.
À l’issue de l’ultime séance, le Dr Gasser confiait au Quotidien « avoir perdu l’arbitrage sur l’APC ». Beau joueur le gastro-entérologue nantais ? Plutôt dans le coup d’après : début octobre, à l’occasion des « Rencontres de la médecine spécialisée » organisées par sa centrale, le patron d’Avenir Spé remettait une pièce dans la machine, proposant la création d’un avis rapide à 60 euros. Réaction immédiate de MG France. « L’objectif de cette séquence, c’est bien de généraliser l’APC. Ils veulent supprimer le passage par le médecin traitant ». De son côté, l’intéressé l’assure : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues généralistes ».
Article suivant
La liberté d’installation sous les coups de boutoir
Entre MG et spés, friture sur la ligne
La liberté d’installation sous les coups de boutoir
« Mon cabinet Grand Est », trait d’union entre générations de médecins pour faciliter l’installation en libéral
Dr Agathe Scemama : « Je ne peux presque plus me passer de l’IA vocale »
Quand l’IA vocale assiste les médecins
Mayotte : SOS Médecins envoie une première salve de volontaires et quatre tonnes de matériel