« Bonjour Madame, c'est l'assistante médicale du Dr Mezonnet. Seriez-vous disponible vendredi matin pour un rendez-vous ? ». Il fait encore nuit en cette froide matinée de décembre, mais dans le cabinet du Dr Nicole Mezonnet, Angélique Sautreuil – appelée Angèle par la médecin – est déjà affairée à classer des dossiers, prendre les appels de patients et caser au mieux les rendez-vous en fonction du planning et des urgences. Depuis deux mois, la jeune femme de 35 ans est embauchée comme assistante médicale auprès de la médecin généraliste à Évellys, commune nouvelle de 3 500 habitants dans le Morbihan.
Dans la petite salle d'attente aux murs jaunes, Alain Souchon résonne depuis la radio locale, une patiente s'installe. Angèle la fait entrer dans sa pièce, attenante au cabinet du médecin, et entame seule la consultation. Après lui avoir demandé sa carte Vitale, son âge, sa profession, ses antécédents et sa consommation d'alcool et de tabac, elle la pèse, la mesure et prend sa tension avec un tensiomètre automatique. Une fois les données entrées dans le dossier, la patiente passe dans le bureau du médecin, qui se concentre sur l'examen clinique, les questions et conseils médicaux et la prescription.
À quatre mains
« Je jongle tout le temps entre la gestion, l'administratif et l'installation du patient, les mesures, les questions sur leur santé, explique l'assistante médicale, qui a servi plus de dix ans dans l'armée en tant que secrétaire, sur des terrains opérationnels. En ce moment, je dois aussi scanner et classer par ordre alphabétique 1 300 dossiers de patients, transmis par un généraliste lors de son départ à la retraite ! »
Cette nouvelle façon de consulter à quatre mains convient bien aux patients du cabinet. « J'ai davantage le temps de discuter, à la fois avec l'assistante et avec le médecin. Mon ancien médecin n'avait plus le temps, et à la fin, il avait tendance à bâcler la consultation », indique une quinquagénaire. En tout, elle aura passé plus de 25 minutes en consultation. « On voit bien que cela fait gagner du temps au médecin, donc franchement je n'y vois pas d'inconvénient », abonde Marion, maman venue avec ses deux enfants pour la vaccination ROR du petit dernier, âgé de 18 mois. Là encore, Angèle a déshabillé, pesé et mesuré le bébé (taille et périmètre crânien). Le vaccin est préparé et les étiquettes déjà collées sur le carnet de santé, avec la date du jour. La généraliste n'a plus qu'à faire l'injection au bambin, tout en questionnant sa mère sur son état de santé et son alimentation.
Moins de paperasserie
Après deux mois de cohabitation avec son assistante, le Dr Mezonnet observe déjà des effets positifs. « Je souffle ! », fait-elle valoir d'emblée. « Je vois une vraie différence par rapport à avant, surtout sur la paperasserie. Les renouvellements d'ordonnance, par exemple pour le sport, les semelles orthopédiques, c'est elle qui s'en occupe, je n'ai plus qu'à signer. À terme, je vais aussi lui installer un lecteur de carte bleue, pour encaisser les consultations », indique la généraliste de 55 ans, à l'emploi du temps bien rempli.
Outre ses consultations au cabinet, Nicole Mezonnet est également maître de stage des universités (MSU), coordinatrice en maison de retraite, référente de deux crèches et médecin lieutenant-colonel chez les pompiers…
36 000 euros la première année
Seule dans son cabinet depuis plusieurs années, dans un secteur qui a vu partir deux généralistes à la retraite ces six derniers mois, et classé zone prioritaire par l'agence régionale de santé (ARS), elle a donc profité du contrat proposé par la caisse primaire du Morbihan pour recruter Angèle en CDI, à 35 heures.
La commune étant en zone sous-dense, la généraliste bénéficie (pour cette embauche) du financement maximal de 36 000 euros la première année, aide dégressive mais pérenne, à condition d'augmenter sa patientèle et le flux de consultations (lire page 3). « Cette aide représente la moitié d'un équivalent temps plein avec le salaire et les charges », précise le Dr Mezonnet qui voudrait faire venir un second médecin. « Pour l'instant, je n'ai pas réussi, malgré les deux internes par semestre que j'accueille », regrette-t-elle.
En attendant, le duo médecin/assistante fonctionne. Ce jour-là, tous les patients ont été pris à l'heure, voire en avance. Une annulation de dernière minute permet même aux deux femmes de faire le point sur certains dossiers en prenant un café. « J'en apprends tous les jours », souligne Angèle, qui souhaiterait faire une formation professionnelle pour parer à toutes les éventualités au cabinet. « J'ai beau venir du milieu militaire, c'est toujours bien d'avoir des billes ».
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