Question difficile que celle des risques cardiaques associés à la pratique sportive, notamment dans un contexte de demande de certificat médical de non contre-indication. « En pratique, il faut différencier deux types de patients, a indiqué le Dr Jean-Christophe Blanchard. Les jeunes athlètes, qui sont les sujets de moins de 35 ans et les plus âgés ».
Chez les moins de 35 ans, la pratique sportive est associée à un risque de décès de 2,3/100 000/an. Il s’agit le plus souvent d’une mort subite, dont l’incidence est 2,5 fois plus élevée que chez les non sportifs. Il y a une nette prédominance masculine (10 hommes pour 1 femme), mais le chiffre est sans doute biaisé car les hommes sont aussi les plus nombreux dans les études. Les morts subites ont des origines variées : génétiques, valvulaires, coronaires, avec une variabilité géographique qui découle de facteurs génétiques et culturels. Aux États-Unis, c’est la cardiomyopathie qui vient au premier plan, suivie des anomalies du positionnement des coronaires. En Europe, et plus particulièrement en Italie qui a réalisé de nombreuses études sur ce sujet, c’est la dysplasie arythmogène du ventricule droit qui prédomine, suivie des anomalies coronaires et des troubles de la conduction. Le mécanisme de la mort subite diffère selon la pathologie sous-jacente. Le sport ne fait que la révéler mais n’est pas délétère per se.
ECG tous les 5 ans après 20 ans
Chez le sportif de plus de 35 ans, le champ des pathologies est plus large, mais la principale cause de décès est coronaire. Toutefois, la maladie coronaire est moins fréquente que chez les sédentaires, ce qui traduit l’effet protecteur du sport. Ce dernier améliore tous les facteurs de risque modifiables -pression artérielle, diabète, cholestérol- et réduit l’agrégation plaquettaire. La morbimortalité cardiovasculaire est moindre, chez l’homme comme chez la femme, cet effet étant particulièrement net au début de la pratique sportive. L’impact du sport sur le risque de fibrillation atriale (FA) est connu. Ce risque est augmenté chez le sujet endurant, bien entraîné (plus de 8 heures par semaine), mais la mortalité est inférieure à celle des sédentaires. Chez l’athlète du dimanche, à l’inverse, la FA est moins fréquente que chez les sédentaires.
Sur la base de toutes ces données, il faut inciter à la pratique du sport.
Bien sûr, certaines situations le font contre-indiquer (dysplasie arythmogène du ventricule droit, cardiomyopathie hypertrophique et par extension maladies de type Brugada). Chez les autres patients, il faut mener un interrogatoire minutieux et un examen clinique complet, complété en première intention par un ECG tous les 3 ans chez les 12-20 ans et tous les 5 ans chez les plus de 20 ans.
D’après la communication du Dr Jean-Christophe Blanchard (Issy-les-Moulineaux)
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