Difficile aujourd’hui d’ignorer les chiffres des violences intrafamiliales. En 2021, 122 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint – une tous les trois jours –, 12 enfants l’ont également été dans le cadre de violences conjugales. Et plus de 200 000 femmes déclarent subir des agressions physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire chaque année…
Priorité de santé publique depuis le Grenelle de 2019, la lutte contre les violences domestiques passe aussi par les cabinets médicaux. Le plan gouvernemental reposait alors sur trois piliers – prévenir, protéger et prendre en charge, punir – et comptait 54 mesures. Plus de trois ans après, 46 dispositions sont entrées en application. Du côté du secteur sanitaire, 145 conventions ont été signées entre forces de l’ordre et direction des hôpitaux et cliniques pour faciliter la prise de plainte pour violences conjugales au sein des 215 établissements concernés. Le Grenelle avait effectivement souligné le rôle majeur des médecins qui « constituent les premiers professionnels vers qui se tournent les victimes ». Et ce ne sont pas les seules initiatives : les conseils départementaux de l’Ordre signent des protocoles avec la police et la justice pour accompagner les médecins libéraux dans le signalement des violences.
De fait, si les praticiens peuvent aider à la libération de la parole des victimes puis à leur accompagnement, ils ont aussi un rôle à jouer dans le signalement à la justice. Depuis juillet 2020, les médecins peuvent s’affranchir du secret médical et s'adresser au procureur en cas de « danger immédiat » pour la victime « sous emprise ».
Mais ces dispositifs répondent-ils aux besoins des praticiens de terrain ? Les avis sont partagés, illustre notre enquête. Comme en témoigne le Dr Gilles Lazimi, généraliste très impliqué sur ce sujet, « si le médecin n’est pas formé, il risque de signaler sans l’accord de la femme alors qu’il faudrait poser des questions, accompagner et le faire avec elle ». D’autres alertent sur le risque d’altération du lien de confiance entre la victime et son médecin. La Dr Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi, vice-présidente du Cnom, estime pour sa part qu’il s’agit « d'un faux débat » et souligne que « la priorité, c’est le repérage des situations à risque ». C'est pourquoi l'Ordre encourage les médecins à effectuer un dépistage systématique des violences et veut sécuriser leur signalement à la justice.
Fin 2022, la Haute Autorité de santé (HAS) a actualisé de son côté sa recommandation sur le repérage des femmes victimes de violences au sein du couple, avec le triple objectif de renforcer l’implication des professionnels de santé, favoriser le repérage et faciliter la coordination entre professionnels concernés.
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