Au cœur du nouveau quartier de Fleury-Mérogis (Essonne), entre des logements sociaux, se niche la grande pharmacie Fleury (424 m2). Dès l'entrée, les patients peuvent prendre un ticket pour... une séance de téléconsultation, dans une zone de confidentialité située au fond de l’officine.
Fleury-Mérogis, 11 000 habitants, souffre d'une démographie médicale tendue. « Deux généralistes vont quitter la ville, le seul médecin restant, proche de la retraite, ne travaille qu’à mi-temps. Un client sur deux se plaint de ne pas pouvoir trouver de médecin et nous demande des solutions », explique Marianne Lechertier, titulaire de l'officine. C'est l'une des raisons qui a poussé la pharmacienne à se lancer depuis décembre dans la consultation à distance avec le prestataire Visiomed. La société met à sa disposition un chariot de téléconsultation équipé (ordinateur, caméra et objets connectés), dans le cadre d'un partenariat avec des médecins téléconsultants (généralistes et urgentistes).
Pour chaque demande de téléconsultation, la titulaire et ses deux adjoints respectent une procédure précise – avant la mise en relation avec le médecin – pour requérir le consentement du patient, suivre un questionnaire (motif de consultation, antécédents médicaux, etc.) et prendre les constantes. Une fois la connexion avec le praticien établie, la pharmacienne n'assiste pas à la consultation sauf si le médecin a besoin d’un test de diagnostic (bandelette urinaire, test d'angine). Au terme de la consultation à distance, le médecin requis adresse un bilan au médecin traitant et, le cas échéant, télétransmet par messagerie sécurisée l'ordonnance à la pharmacie du choix du patient.
Du renouvellement d'ordonnance à la cystite
Et ça marche. Depuis décembre, 500 téléconsultations ont été réalisées à l'officine. Renouvellement d'ordonnances, adaptation de traitements, cystites, angines… c'est le lot quotidien de ces actes à distance.
L'investissement réclamé à la pharmacie n'est pas négligeable : 750 euros par mois pour la location de la station mobile et 100 euros par mois pour l'équipement internet associé. Pour couvrir une partie de ces frais, la pharmacie demande aux patients de lui verser 7 euros par séance.
À ce stade, ce service reste en dehors du parcours de soins. La pharmacie ne bénéficie donc pas du financement prévu dans l'avenant 15 sur la téléconsultation à l'officine*. « Nous avons eu le feu vert de la DGOS (ministère) pour faire payer ce service aux patients en attendant de rentrer dans le cadre des téléconsultations remboursables (au sein du parcours de soins, dans l’espace de confidentialité, en lien avec des médecins de proximité dans une organisation territoriale, NDLR) », précise Marianne Lechertier, qui mobilise médecins et pharmaciens de son secteur autour d'un parcours de soins adapté. « Dans le 91, des réunions se mettent en place pour créer des communautés professionnelles territoriales de santé et cela va se faire. Il faut y aller car c'est un formidable outil pour raccourcir le temps de prise en charge du patient. ».
* Une rémunération annuelle est prévue avec deux volets : une participation forfaitaire de 1 225 € la première année afin de permettre au pharmacien de s’équiper en objets connectés utiles aux téléconsultations (stéthoscope, otoscope, oxymètre, tensiomètre…), puis de 350 € les années suivantes ; une participation forfaitaire au temps passé en fonction du nombre de téléconsultations réalisées (entre 200 et 400 € par an).
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