Mais l’annonce, fin septembre, de la liquidation judiciaire de la société H4D, l’un des leaders et pionniers de la téléconsultation, a pris de court de nombreuses collectivités qui avaient investi dans ce type de solutions, à l’instar de Menton. L’entreprise, qui a cessé brutalement ses activités, a laissé de nombreuses communes sur le carreau, avec des dispositifs inutilisables et des patients sans solution de prise en charge.

La faute à pas de chance ou une gabegie des collectivités ?

Lors du dernier conseil municipal, ce raté a fait l'objet de vives critiques, l'opposition reprochant au maire un sérieux défaut d'anticipation. Selon Nice-Matin, Sandra Paire, conseillère municipale du parti « Unis pour Menton », a ainsi déclaré : « 36 000 euros, c’est le montant de la cabine de télémédecine que vous avez inaugurée le 29 juin. Vous l’avez achetée à une société en cessation de paiements le 25 juin, en redressement le 4 juillet et en liquidation fin septembre. Une machine à 36 000 euros qui ne sert pas. On n’aurait pas pu faire une consultation, une étude ? Vous êtes le premier magistrat de la ville, c’est votre devoir… Reconnaissez au moins que c’est une erreur ! »

L’adjoint en charge des Finances et des Affaires sociales, Florent Champion, a tenté de relativiser. « En région parisienne, il y en a pour plusieurs millions d’investissement. Le CCAS de Menton est en train de rechercher, avec les autres établissements et collectivités concernées, des moyens pour qu’il y ait des prestataires qui viennent se raccrocher sur le module existant et que cette cabine puisse être opérationnelle et être référencée sur Doctolib », rapporte Nice-Matin.

Bientôt une reprise ?

Faut-il voir dans cette anecdote le signe d’une gestion maladroite des deniers publics, un manque d’anticipation de la part des élus, ou plus simplement les dégâts collatéraux de la faillite de la société H4D, alors que plusieurs collectivités sont dans la même situation ?

Au moment de l’annonce de la liquidation de l’entreprise, l’URPS médecins libéraux Île-de-France s’était en tout cas interrogé sur la pertinence pour les collectivités et les départements d’investir dans des cabines de téléconsultation, émettant « des réserves quant à l’attribution de crédits à ces dispositifs, au détriment de l’aide à la création et au maintien des cabinets médicaux ».

Contactée, la société de cabine de téléconsultation Medadom, qui a proposé ses services aux collectivités pénalisées, affirme être déjà en discussion avec une dizaine de communes, principalement en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes. « Nous avons toujours la volonté d'accompagner ces communes sinistrées qui se sont retrouvées du jour au lendemain sans offre de soins, assure Nathaniel Bern, cofondateur de Medadom. Plusieurs d’entre elles se sont montrées très réceptives à notre soutien et des accords pourraient se concrétiser dans les semaines à venir […]. Mais il est vrai qu’après la mésaventure avec H4D, certaines collectivités sont plus hésitantes et regardent plusieurs acteurs. »

De son côté, l’URPS médecins libéraux Île-de-France s’est dite prête à accompagner les collectivités franciliennes ayant souscrit à des offres de cabines de téléconsultation « pour rechercher des solutions durables à leur problématique d’accès aux soins ». Les sociétés de téléconsultation n’auraient plus le vent en poupe ?