Après un rendez-vous manqué l’année dernière à cause des intempéries, la ministre de la Santé était cette année bien présente physiquement au 20e Congrès de l’Intersyndicale des internes de médecine générale (Isnar-IMG) à Tours. Et les internes avaient de nombreux sujets sur lesquels l’interpeller. À commencer par les mesures coercitives. « Les jeunes médecins sont prêts à s’installer même dans les territoires ruraux », a rappelé la présidente de l’Isnar-IMG, Lucie Garcin. « Certains préfèrent agiter une mesure prétendument miraculeuse, la coercition. Ces mesures instillent un double clivage. Entre les médecins et une population qu’on refuserait soi-disant d’aider. Et clivage entre les générations de médecins, avec une faute rejetée sur les jeunes professionnels », a-t-elle souligné. Alors que la proposition de loi Garot de conventionnement sélectif, rejetée à l’Assemblée, doit à nouveau passer devant le Sénat, Agnès Buzyn a confirmé lors de son temps d’échange avec les administrateurs de l’Isnar-IMG, qu’il existait en ce moment une pression importante, particulièrement des collectivités locales, pour la mise en place de mesures coercitives. La ministre de la Santé a donc tenu à rassurer les internes sur ce sujet en réaffirmant sa fermeté. « Tant que je serai ministre de la Santé, je me battrai encore et toujours contre toutes mesures coercitives. Car j’en suis intimement convaincu, la qualité des soins passe par la qualité de vie au travail », a-t-elle redit lors de son discours. Une réassurance pour les futurs médecins qui craignent avec l'examen de la prochaine loi santé, de nouvelles offensives contre la liberté d'installation.
Des rappels mais pas d’annonces sur les conditions de travail
Mais les internes en médecine générale avaient également à cœur de l’interpeller sur leurs conditions de travail. Particulièrement après la révélation des résultats de la grande enquête de l’Isnar-IMG sur le sujet, qui montre que dans une majorité des cas le temps de travail réglementaire n’est pas respecté. « Pour que le respect du temps de travail ne soit pas une simple volonté, il faut aller plus loin », a revendiqué Lucie Garcin, demandant des sanctions financières pour les établissements en infraction. Sur les procédures de signalement qui permettent de retirer les agréments de stage en cas de problème, la présidente de l’Isnar-IMG a également souligné la complexité et lenteur du dispositif. « Ça marche, mais pas toujours et la réactivité peut être améliorée avec des internes qui peuvent rester plusieurs mois dans des situations problématiques », souligne Pieter Prats, porte-parole de l’intersyndicale. Dans ce domaine, Agnès Buzyn, a botté en touche... au moins sur la question des sanctions financières à laquelle elle n’a pas répondu. Pour le reste, elle a simplement rappelé l’existence de la procédure pour le retrait de l’agrément de stage, incitant à « activer ce levier », sans pour autant promettre une simplification ou accélération du dispositif.
Le CNA toujours en attente
Après la grande enquête des étudiants en médecine sur la santé mentale des futurs médecins et le rapport de Donata Marra, plusieurs mesures avaient également été annoncées pour lutter contre les risques psychosociaux par les deux ministres de tutelle. Agnès Buzyn a notamment rappelé ce matin la mise en place auprès de chaque ARS de médiateurs régionaux chargés d’un travail de médiation mais aussi de prévention des risques psychosociaux. Mais le serpent de mer, c’est la mise en place du centre national d’appui (CNA) promis au moment du rapport. « Cette plate-forme de recensement et de ressources pour lutter activement contre la souffrance des soignants est restée sur le papier et n’a toujours pas vu le jour », a rappelé Lucie Garcin. « Un an après, il n’y a toujours aucun moyen alloué, on attend toujours », confirme Pieter Prats. Dans son discours, Agnès Buzyn a annoncé « sa création très prochaine », une promesse déjà formulée par Frédérique Vidal... en novembre dernier. Elle assurait alors sa naissance avant fin 2018. Les doutes persistent donc sur ce que les ministères entendent par « création prochaine », mais une chose est sûre, les étudiants en médecine les attendent au tournant à ce sujet.
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