Ce samedi 25 juin, l’ambiance est décontractée au Palais des expositions de Dijon. MG France y organise son 9e congrès. Lors de la plénière du matin, différents acteurs de la santé se réunissent pour échanger autour d’un objectif commun : « un médecin traitant pour tous ».
Sont présents autour de la table : Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et à l'organisation des soins de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam), Margot Bayard, vice-présidente de MG France, Éric Chenut, président de la Mutualité française, Lionel Dassetto, directeur du centre de santé départemental de Saône-et-Loire, Benjamin Mousnier-Lompre, cofondateur d’Ipso santé, Gilles Noël, président de l’association des maires ruraux de France (AMRF), Gérard Raymond, président de France Assos Santé, et enfin Pascal Roche, directeur général du groupe Ramsay France.
Vers des structures traitantes ?
La question la plus prépondérante est posée par Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, siégeant au premier rang, dans le public. « Comment fait-on pour financer les soins de proximité par rapport aux grands groupes, comme Ramsay France ou Ipso santé ? » Applaudissements dans l’auditorium. Et c'est là tout l'enjeu du débat que propose ce samedi 25 juin MG France lors de son 9e congrès. Face à l’investissement énorme sur la santé réalisé par ces deux entreprises, comment l’Assurance maladie compte-t-elle réagir ? Ramsay France se positionne comme structure traitante dans les pays baltiques. Est-ce ainsi qu’imagine la Cnam la santé de demain ?
Non. Marguerite Cazeneuve est claire. « L’Assurance maladie est convaincue par le modèle de médecin traitant ». Mais il faut que les généralistes prennent plus de patientèle : « en comptant les enfants, en moyenne, chaque généraliste prend 1 060 patients. Nous estimons qu’il faudrait qu’ils en prennent 1 200. » En somme, détaille-t-elle, l'objectif est d'« augmenter la patientèle et permettre du temps qualitatif, en n’oubliant pas que les médecins ne sont pas corvéables à merci. » Applaudissements. La directrice déléguée de la Cnam reprend. « Mais s’il y avait une solution miracle… nous l’aurions trouvée ! » Même si elle reconnaît que « les pouvoirs publics ont une responsabilité par rapport à la situation d’aujourd’hui. »
Plus d’assistants médicaux !
Dès lors, que compte faire l’Assurance maladie ? Marguerite Cazeneuve donne quelques pistes. « Nous allons proposer une palette d’outils nationaux. Par exemple, nous sommes à peu près sûrs que le modèle d’assistant médical fonctionne. Il faut lever les verrous : pourquoi seraient-ils seulement accessibles en zones sous-dotées ? N’y a-t-il pas trop de contraintes ? Il faut trouver un modèle plus souple. Ce sera l’enjeu de la prochaine Convention médicale… » Les négociations commenceront dès la fin de l’été avec les syndicats.
« Indépendamment de la démographie médicale, le grand sujet, c’est l’installation ! », déclare Marguerite Cazeneuve, citant une discussion qu’elle a eue avec une membre de l’URPS Île-de-France. Cette dernière s’alertait que les jeunes médecins préfèrent remplacer plutôt que s’installer. « Le problème, c’est qu’aujourd’hui, un médecin est un chef d’entreprise, mais il n’a pas le temps de tout gérer. Il nous faut donc trouver un modèle non chronophage administrativement ».
L’article 51 porteur d’espoir ?
D’autres intervenants proposent d’autres solutions, comme Ipso santé, réseau de cabinets de soins primaires à Paris, qui prône « un gain de temps médical » et revendique la place de « pionnier sur les assistants médicaux depuis 2015 ». Grâce à une expérimentation de l’article 51, coconstruite avec la Cnam, Benjamin Mousnier-Lompre explique que les médecins touchent un forfait de capitalisation mensuel par patient, soit le forfait socle. Un complément avec des facteurs de risques ou de complexité est ajouté (âge, affection de longue durée, vulnérabilité psychosociale). « Cela change la logique de prévention », ajoute le cofondateur d’Ipso santé. Une rémunération à l’acte est également en vigueur pour les soins techniques.
Du côté de la Mutualité française, on évoque « un centre avec des généralistes retraités en Mayenne », puis « des chariots de téléconsultation activés par un personnel infirmier qui interagit avec le patient, à Mayotte ». Bref, autant de solutions qu’il y a de territoires, souffle Éric Chenut, qui, lui aussi, demande une boîte à outils et une approche « Prévention, Personnalisation, Territorialisation (PPT) ». Autre sujet important selon lui, « accompagner le changement culturel : dans l’inconscient populaire, pour bien être pris en charge, il faut aller à l’hôpital et voir le docteur… alors que parfois, voir un infirmier suffit. »
Investir pour la santé, pas un problème ?
Autre possibilité : les centres de santé. Lionel Dassetto est directeur du centre de santé départemental de Saône-et-Loire. Si « le modèle proposé répond aux aspirations des patients et des soignants », le modèle économique n’est pas encore équilibré. Peu importe s’il est déficitaire ! Il défend l'importance de l'investissement dans ce type de projets. « Nous sommes capables d'investir 5 millions pour la fibre optique dans le département, nous pouvons bien investir 1,2 million chaque année pour le soin ! » Le département, la bonne échelle donc ?
Marguerite Cazeneuve semble acquiescer : « Il faut fixer une rémunération nationale et, dans le même temps, confier aux organisations territoriales une enveloppe et leur dire "trouvez des solutions". Mais nous avons besoin d’interlocuteurs et d’organisations type communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) ».
Beaucoup d’idées
Le président des maires ruraux de France, Gilles Noël défend encore plus petit : les communautés de communes ou les agglomérations, car elles sont « facilitatrices et créatrices des conditions du changement. » Exemple : « lors de la crise Covid, nous avons mis des locaux à disposition », accélérant les politiques de tests et de vaccination. Margot Bayart, de MG France, parle, elle, de « favoriser l’attractivité des jeunes en proposant des équipes pluriprofessionnelles, accompagnées dans de bonnes conditions ».
Gérard Raymond, président de France Assos Santé, résume : « Nous n’avons pas beaucoup de médecins, mais nous avons beaucoup d’idées ! » Mais le défenseur des usagers est impatient. « Maintenant, il faut accélérer la mise en place de ces idées. C’est ce que demandent les patients ! » De plus, selon lui, « ce n’est plus un médecin traitant qu’il faut, mais une équipe traitante… », provoquant un brouhaha dans l’assemblée. Il se reprend. « Mais qui sera évidemment sous la direction du médecin généraliste ». Ovation.
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