Dans une tribune publiée sur Mediapart, 85 soignantes, dont une vingtaine de médecins généralistes et internes en médecine, s'engagent en faveur d'une « PMA libre, gratuite, égalitaire, sécurisée et sans compromis » pour toutes, en vue de la reprise prochaine de l'examen du projet de loi de bioéthique à l'Assemblée nationale.
Les signataires plaident également pour ouvrir le droit aux femmes d'autoconserver leurs ovocytes et ce indépendamment de raisons médicales.
Les soignants et militants ensemble pour demander l'extension de la PMA pour toutes
Alors que le projet de loi sur la bioéthique doit faire son retour à l'Assemblée nationale le 7 juin prochain, plusieurs soignants ont souhaité s'engager dans une tribune aux côtés de toutes les « militantes lesbiennes [...] qui intensifient leur lutte à l'approche de la dernière ligne droite du projet de loi ».
« Nous [...] souhaitons que la PMA soit ouverte à toutes les femmes et les hommes trans, quelle que soit leur orientation sexuelle [...] . Nous souhaitons que les femmes vivant en France se voient offrir les mêmes possibilités que leurs voisines Espagnoles, Belges ou Danoises. Nous souhaitons que cessent les inégalités entre les couples hétérosexuels et homosexuels [...] », écrivent militants et soignants à l'initiative de cette tribune.
Des dangers pour la santé
Dans le texte, les professionnels de santé alertent sur les dangers encourus par les « couples lesbiens, les femmes seules et les hommes trans » face à l'interdiction de recourir à la PMA.
« Le recours à des dons de sperme artisanaux les expose à des risques de transmission d'Infections Sexuellement Transmissibles, liés à l'absence de dépistages systématiques des donneurs, mais aussi aux violences sexuelles (par exemple, par l'exigence d'un rapport pour le don) », écrivent-ils.
Ils poursuivent : « Notre position en tant que soignantEs s'ancre donc dans une démarche de réduction des risques pour ces familles, que ni notre système de santé ni notre système juridique ne protègent actuellement ».
Remboursement de la PMA, filiation des deux parents, autoconservation des ovocytes
Outre l'ouverture à la PMA pour toutes, les signataires plaident pour un « remboursement intégral (prise en charge à 100 % des examens, actes et consultations médicaux ainsi que des dons de gamètes) » de la PMA, au même titre que les couples hétérosexuels.
« La gratuité à chaque étape est essentielle pour que tous les couples puissent y accéder. Si la PMA devenait légale en France, mais sans remboursement par l'Assurance maladie, son accès pour les plus modestes serait limité par leurs contraintes financières », estiment-ils.
Parmi les autres revendications portées par les signataires de la tribune, figurent l'établissement direct de la filiation pour les deux parents de l'enfant né d'une PMA ainsi que l'ouverture du droit pour les femmes « de faire conserver leurs ovocytes » et ce « indépendamment de raisons médicales ».
Retour du projet de loi bioéthique à l'Assemblée le 7 juin
Le projet de loi bioéthique et sa mesure phare d'ouverture de la PMA à toutes les femmes, est une promesse de campagne d'Emmanuel Macron. Mais ce projet de loi, engagé depuis 2019, fait l'objet de vives tensions parmi ses partisans et ses détracteurs.
En février dernier et après deux lectures dans chaque chambre, le projet de loi avait fini par être rejeté par les sénateurs, faute de consensus.
Depuis mardi soir, le texte est de nouveau examiné en commission spéciale. Plus de 1 700 amendements, dont 850 par des députés LR, ont déjà été déposés.
Dans une tribune publiée dans la Croix vendredi, quelque 80 parlementaires LR estimaient qu'en remettant ce débat à l'ordre du jour, l'exécutif faisait preuve « d’une absence catastrophique de sens des priorités et des responsabilités » face à la crise sanitaire.
Le grand retour de l'examen du projet de loi prévu le 7 juin à l'Assemblée nationale, promet donc d'être tendu. Après l'Assemblée, ce sera le 24 juin au tour du Sénat de reprendre le projet de loi. Les députés auront ensuite le dernier mot.
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