Suite à la publication du rapport sur le décès de Mme Musenga le 20 juin dernier, vous avez remis le 2 juillet vos propositions pour "renforcer la qualité de la prise en charge au sein des Samu/centres 15". Quelles sont les mesures principales que vous préconisez ?
Nous souhaitons maintenir l'échelon départemental. Nous demandons une interconnexion entre le 15 et le 18, voire à terme une fusion en un numéro unique avec le Samu et les pompiers qui travailleraient ensemble. Ainsi seront réalisées des économies de moyens et les appels seront centralisés afin d'éviter des allers et retour entre les deux numéros, des retards à la prise en charge et des morts. L'Amuf qui représente la base des urgentistes est alliée à la CGT médecins, la CGT pompiers et la Fédération nationale des sapeurs pompiers.
Comment la ministre de la Santé a-t-elle accueilli vos propositions ?
Initialement, Agnès Buzyn avait pris position en faveur des professeurs de médecine présidents de CME qui envisagent l'évolution des urgences vers des plateformes régionales de santé et vers la fermeture des structures de proximité, à savoir les Samu départementaux avec l'objectif de regrouper les médecins dans les métropoles. Finalement, face à l'opposition que nous représentons, la ministre a retardé sa décision en reportant le rapport sur les urgences (initialement prévu en juin) à la rentrée de septembre. Nos propositions ont reçu le soutien de Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur et du porte-parole du Gouvernement, Benjamin Griveaux.
Pourquoi est-ce si urgent de faire collaborer pompiers et urgentistes ?
Au-delà de la transmission des appels qui n'est pas bien coordonnée, les différents services impliqués dans l'urgence comme les pompiers et le Samu se facturent. C'est absurde. On ne peut pas nous dire de simplifier les procédures administratives et continuer sur ce mode de fonctionnement.
Les pouvoirs publics vont-ils tiquer sur votre proposition d'augmenter rapidement le nombre d'urgentistes formés ?
Ils peuvent tiquer. Mais c'est tout de même la responsabilité de l'État d'assurer la sécurité de la population. Concernant la formation, nous rejetons l'idée d'une réforme du troisième cycle qui instaure une spécialité d'urgentistes parce que toutes les spécialités jusqu'à présent y sont bien représentées. Par ailleurs, supprimons le numerus clausus dès cette année : 60 000 jeunes gens s'inscrivent par Parcoursup en première année d'études de santé et seuls 8 200 feront médecine. Ceux qui échouent vont alors tenter leur chance en Belgique ou en Roumanie. Sans compter la colère des gens dans le territoire soutenus par les élus locaux. Des manifestants hospitaliers mènent des actions spectaculaires avec une grande violence symbolique (Rouen, Le Havre, Decazeville). Le système de santé risque de s'effondrer et les Français sont très attachés à ce service public. L'État doit prendre ses responsabilités. 25 millions de Français doivent pouvoir avoir à accès à un médecin traitant et un hôpital de proximité.
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