Laurence Comte-Arassus, la nouvelle présidente du Snitem, est-elle une pionnière en matière de diversité ? Après une longue carrière dans différents postes de manageurs dans des grandes entreprises américaines du dispositif médical, elle atteint le graal en décrochant la présidence France du leader mondial, Medtronic il y a un peu moins de dix ans. Une entreprise qu'elle avait intégrée dix ans plus tôt après une expérience de huit ans chez Boston Scientific. Après avoir dû « me noyer dans un monde d'hommes et ne pas faire apparaître mon côté féminin, toutes les femmes de la société sont venues me voir pour me demander de l'aide, car tout ce qui semblait facile pour moi était compliqué pour elles ». Ce moment déclencheur a donné lieu à une réflexion forte pour Laurence qui s'est interrogée sur toutes les formes de différences, âge, genre, culture, handicap. Ce qui l'a amenée à choisir ses équipes en fonction de ces critères.
Risque
Deuxième moteur, le risque et l'envie de faire bouger les lignes : il y a deux ans et demi, elle est débauchée pour prendre la présidence de la zone francophone de GE HealthCare, un autre acteur important du DM américain : « Après vingt ans chez Medtronic, personne n'a compris mon départ ! » Banco ! Laurence a saisi cette opportunité, d'autant que ses deux filles nées pendant la période Boston Scientific ont grandi.
Troisième motivation, l'envie de relever des challenges et de multiplier les expériences, même compliquées. Après avoir travaillé dans l'implantable chez Medtronic où elle a œuvré dans plusieurs groupes opérationnels dont le diabète qu'elle a dirigé, elle se met à l'équipement chez GE HealthCare.
Pourquoi Laurence Comte-Arassus a accepté de diriger une zone francophone et pas à un niveau européen ? Réponse de l'intéressée qui se veut dans la proximité : « Je n'aime pas le terme "aider". Je soutiens et j'accompagne mes collaborateurs et mes clients ! » Cela fait d'ailleurs des années qu'elle promeut le think-tank de "valeur en santé", qui a permis de réfléchir au financement de plusieurs parcours de soins, après un benchmark à l'étranger (Voir DS 309, page XII). Car la Jane Birkin française, comme la qualifiait l'un de ses anciens patrons, a le sens du cluster : elle sait créer des liens dans la santé notamment avec les médecins africains qui eux-mêmes entretiennent un réseau solide avec leurs confrères belges et français. Mais aussi elle se sent plus à l'aise dans sa langue maternelle que dans l'américain qu'elle pratique pourtant quotidiennement.
Éclectisme
Mais surtout Laurence Comte-Arassus est une grosse bûcheuse et dort peu. Elle cultive son éclectisme dans toutes ses activités professionnelles comme personnelles. Elle lit quotidiennement la presse, Le Monde, Les Échos, Le Figaro afin de se construire son propre avis. Dans ses déplacements entre sa maison de Normandie et Paris, elle écoute des podcasts sur des sujets divers. Dans le choix de ses radios, elle en change souvent afin d'avoir des points de vue différents. Et elle pratique même plusieurs sports, l'équitation, la nage, la course à pied. Mais on retrouve aussi la perfectionniste dans son opiniâtreté à terminer des livres qu'elle n'aime pas.
Double casquette
Pourquoi avec un emploi du temps aussi chargé avoir accepté le poste de présidente du Snitem ? Comment représenter aussi l'ensemble des membres de ce syndicat qui compte 90 % de PME ? Réponse de l'intéressée : « Les deux batailles que je mène se rejoignent. Entre les deux fonctions, il vaut mieux que les casquettes soient facilement échangeables. » L'enjeu est double : d'abord, toutes les innovations doivent être amenées sur le marché francophone de la meilleure façon. Mais il faut pour cela que l'industriel soit en mesure de bénéficier de la meilleure prise en charge financière possible de son produit. Quant à la représentativité des petites structures, Laurence Comte-Arassus les connaît bien. Non seulement elle investit elle-même dans des start-up, mais ses frères et sœurs lui parlent aussi de leurs propres affaires dans leurs PME. Elle résume ainsi : « Nous travaillons sur le continuum de soins et je suis un continuum de carrière. »
Feuille de route
Quel est son programme pour la rentrée de septembre ? Alors que le Snitem a remporté une victoire en décembre dernier dans son bras de fer avec les instances européennes sur le report de l'entrée en vigueur du nouveau règlement européen MDR à mai 2027, la première bataille de Laurence Comte-Arassus sera de faire prendre conscience aux administrations que la régulation du dispositif médical ne doit plus être identique à celle du médicament. Alors que les entreprises du DM ne savent toujours pas à quelle sauce elles vont être mangées pour régler la clause de sauvegarde, la présidente du Snitem souhaiterait que les organes régulateurs ne fassent pas du copier-coller du dispositif appliqué à l'industrie du médicament vers celui du DM. Et de plaider le fait que son secteur est beaucoup moins protégé par les brevets que celui du Leem. Cet enjeu rejoint l'autre grande thématique, une revendication récurrente pour le Snitem, favoriser l'industrialisation et l'implantation nationale de ses produits afin d'être en mesure ensuite d'exporter. Du pain sur la planche pour la feuille de route qui sera dévoilée à l'automne prochain lors de l'assemblée générale du syndicat.
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