Même si les médecins généralistes se disent réticents à l'idée d'y adhérer, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) commencent à prendre progressivement place dans le paysage sanitaire français.
Selon la FCPTS, fédération présidée par Dr Claude Leicher, généraliste dans la Drôme, le ministère de la Santé recensait environ 400 projets de CPTS (tous degrés de maturation confondus) en septembre 2019. Le nombre de projets a très fortement augmenté depuis avril où seuls 150 à 200 projets étaient recensés. Le nombre de CPTS finalisées n'a en revanche pas été communiqué.
Quatre mois après la signature de l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI) relatif à leur organisation et à leur financement, un premier état des lieux sur ces regroupements pluriprofessionnels ayant vocation, entre autres, à améliorer l’accès aux soins, les parcours et la prévention dans les territoires a été présenté mercredi au ministère de la Santé lors de la première journée nationale des CPTS.
Un quart des Français couverts par une CPTS
Il ressort que les bassins de vie couverts par les CPTS regroupent environ 16 millions de Français. La plus grande CPTS recouvre un territoire de près de 355 000 habitants, contre 8 500 pour la plus petite. En moyenne, les bassins de vie concernés par ces communautés sont de 72 000 habitants quand ils ne contiennent pas d’agglomération et de 112 000 lorsque c’est le cas.
Cette dynamique est qualifiée « d’extrêmement puissante » par le Dr Leicher, qui met en avant son originalité. « Avec les CPTS, on inverse la chaîne d’initiatives en demandant aux acteurs de terrain de dire comment ils pourraient, sur leur bassin de vie, participer à réduire les inégalités sociales de santé, ou comment faire pour mieux organiser la réponse aux demandes de soins non programmés. »
« Je remercie les responsables politiques de ce pays : ils ont pris une décision courageuse, ambitieuse », a salué l’ancien président de MG-France.
Présent en ouverture de cette journée, le député urgentiste Thomas Mesnier (LREM) s’est également montré enthousiaste. « On voit bien qu’on va pouvoir grâce au décloisonnement des exercices gagner des marges, mieux organiser les soins des Français ». « Vous êtes le renouveau des soins primaires, des soins de proximité, a-t-il lancé aux plus de 200 personnes présentes dans la salle. Et alors qu’on vit une crise importante de l’hôpital et en particulier des urgences, vous êtes la solution à ce problème. »
Prenez le temps, mais pas trop
Si une dynamique semble s’être enclenchée — pour rappel, le plan « Ma Santé 2022 » prévoyait la création de 1 000 CPTS d'ici à 2022 — le directeur général de l’Assurance maladie, Nicolas Revel, a tenu à rappeler certains points primordiaux pour que les CPTS soient une réussite. Il a ainsi insisté sur la nécessité d’apporter « des services, du mieux au quotidien sur des enjeux extrêmement concrets d’accès aux soins ou de bonne prise en charge de patients sur des parcours complexes, pour les patients comme les professionnels de santé ». « Une CPTS ne doit pas être un objet théorique », a-t-il clamé.
Aussi, le directeur général de la Cnam a invité les porteurs de projets à prendre du temps… mais pas trop ! « Nous devons éviter qu’il se passe 12 à 18 mois entre une lettre d’intention et la présentation d’un projet de santé. Cela mettrait en péril la dynamique engagée, a estimé Nicolas Revel. Ce n’est pas grave si le projet de santé d’une CPTS n’est pas d’un niveau de précision absolue sur tous les sujets potentiels. Il faut mettre en œuvre des premières modalités d’action et avancer. (…) C’est dans l’action qu’on apporte des éléments de preuve. »
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