« Réguler » l'offre de soins pour améliorer la démographie médicale, telle est la proposition de la commission de l'Aménagement du territoire du Sénat pour lutter contre les déserts médicaux.
Mardi, celle-ci a annoncé qu'elle proposerait plusieurs amendements visant à une meilleure répartition des futurs médecins sur le territoire lors de l'examen du projet de loi Santé au Sénat. Celui-ci démarrera le 3 juin. « 9 % de la population française vit aujourd'hui dans un désert de médecins généralistes, soit près de 6 millions de personnes », souligne la commission.
« L'incitation ne marche pas »
« Dans la lutte contre les déserts médicaux, l’incitation des médecins ne marche pas, il faut aller plus loin », estime le président de la commission de l'Aménagement du territoire, Hervé Maurey (Union centriste). « La situation s'aggrave et est telle qu'elle s'est imposée dans le grand débat », a-t-il également souligné.
Censée enrayer à moyen terme la désertification médicale, la suppression du numerus clausus « est un bel habillage, mais n'est pas la solution à tous les maux du territoire », a quant à lui expliqué le rapporteur pour avis, Jean-François Longeot (Union centriste).
La commission l'Aménagement du territoire plaide donc pour l'instauration d'un dispositif de « régulation » des installations des médecins dans les territoires. Celui-ci passerait en premier lieu par une négociation conventionnelle entre les syndicats de médecins libéraux et l'Assurance maladie. À défaut d'accord dans un délai d'un an à compter de la promulgation de la loi, le dispositif proposé par la commission prévoit de limiter les installations dans les zones sur-dotées selon un principe « une arrivée pour un départ ».
Auditionnée par la commission, Agnès Buzyn s'est une nouvelle fois opposée à toute mesure coercitive. « Ne nous leurrons pas, personne dans le monde n’a de recette miracle sur les déserts médicaux, a affirmé la ministre. Les Allemands et les Canadiens m’ont convaincu que tous les mécanismes coercitifs qu’ils ont essayé de mettre en place ont été des échecs notables. Ils ont été arrêtés et ces pays sont revenus sur toutes leurs mesures de coercition. »
« Une loi insuffisante »
Par ailleurs, la commission de l'Aménagement du territoire prévoit de déposer un amendement visant à instaurer un stage obligatoire en zone sous-dense pour les internes. Lors de l'examen du projet de loi par l'Assemblée nationale, un amendement similaire mais destiné aux étudiants du deuxième cycle avait été retoqué. Elle propose également de permettre aux pharmaciens de prescrire des examens de biologie pour les patients atteints de pathologies chroniques.
« On ne dit pas que cette loi est mauvaise, a déclaré Hervé Maurey. On dit qu'elle est insuffisante. On se bat avec un petit lance-pierre là où il faudrait une mitrailleuse ».
(Avec AFP)
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