Touraine tacle les syndicats de médecins et juge la loi Claeys-Léonetti trop timide

Publié le 31/01/2017
Marisol

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À trois mois de la fin du quinquennat, l’exercice des vœux était, cette année, l’occasion pour Marisol Touraine de dresser les premiers bilans. Lors de ses vœux à la presse, la ministre de la Santé s’est ainsi félicitée de l’aboutissement de plusieurs projets comme les salles de consommation à moindre risque, l’installation de nouvelles MSP et centres de santé, des avancées pour les droits des malades dans la loi santé et bien sûr le tiers payant. Même si elle a regretté les « réflexes pavloviens » de certains sur le sujet, elle a salué la mise en place de la plateforme commune promise par les complémentaires : « l’une des inquiétudes des professionnels trouve une réponse » a-t-elle souligné.

"Contorsions"...

Mais dans son discours, la résidente de l’avenue de Segur au cours des cinq dernières années a aussi fait part de regrets dont certains ont pris la forme de tacles à peine déguisés. Elle a donc évoqué, « le regret de certains conservatismes qui malheureusement ne sont pas tous marqués à droite ». Et elle a épinglé ces « contorsions de certains qui, dans le secret de mon bureau, me marquaient leur soutien et lorsqu’ils se retrouvaient sur les marches du ministère tenaient un tout autre discours » Même si la ministre se garde bien de citer qui que ce soit, une pique, peut-être, à destination du président de MG France Claude Leicher, dont l'avenue de Ségur attendait visiblement davantage de soutiens…

Pas assez loin sur la fin de vie

Marisol Touraine reconnaît aussi à demi-mot -et pour la première fois depuis l’adoption de la loi Leonetti-Claeys- qu’elle aurait souhaité aller plus loin sur la fin de vie. Et d’évoquer ainsi « le regret que la loi sur la fin de vie n’ait pas permis l’émergence d’un consensus plus résolu sur ce sujet ». Au rayon des points noirs elle a aussi évoqué « une communication sans doute imparfaite pour faire mesurer aux Français l’avancée que constitue la loi d’adaptation de la société au vieillissement ».

La ministre de la Santé, qui se réjouit de voir que la santé occupe les débats de la course à la présidentielle, n’a pas manqué de critiquer une nouvelle fois François Fillon sans le nommer. Elle a souligné « la dangerosité que représenterait la remise en question des remboursements des soins quotidiens ». Une occasion aussi de régler certains comptes avec les syndicats de médecins libéraux : « je suis étonnée que ceux qui s’inquiétaient au moment de la mise en place du tiers payant du rôle prétendument accru que cela donnait aux complémentaires santé, se soient retrouvés bien silencieux face à un projet qui, explicitement, vise la réduction de la place de l’assurance maladie au profit des assurances complémentaires ».

Maubeuge : "on n'enlève rien"

Elle a aussi interpellé indirectement la CSMF qui était montée au créneau face aux projets de consultations de généralistes salariés mises en place par l’hôpital à Maubeuge notamment. « J’entends certains dire : 'ce sont autant de consultations qui sont enlevées aux médecins libéraux'. Mais puisqu’ils ne faisaient pas les consultations en question ! On n’enlève rien, on crée des consultations en plus » a-t-elle soutenu.

Même à trois mois de la fin du quinquennat, il reste encore quelques chantiers à la ministre, parmi lesquels Marisol Touraine a notamment voulu mettre en avant la mise en œuvre du service public d’information en santé. Voulant réduire « l’inégalité d’information des Français sur le système de santé » et après le lancement de plusieurs sites d’information sur différents sujets, Marisol Touraine annoncé la création d’une application mobile qui « permettra d’aller vers des sources vérifiées pour leur indépendance et leur fiabilité ». Une application qui sera le « prototype » du fameux service public d’information en santé.


Source : lequotidiendumedecin.fr