En juillet, fais ce qu'il te plait... Ainsi pourrait-on traduire la météo de la contestation à l'approche de la prochaine étape du tiers payant généralisé. Tous hostiles à cette montée en charge, les syndicats la manifestent différemment. Comme prévu par la loi santé, on rentrera en effet au début de l'été dans la deuxième phase de sa généralisation. Depuis un an, ce sont les bénéficiaires de l’ACS qui sont en droit de demander le tiers payant intégral chez les professionnels de santé. Au 1er juillet de cette année, les patients couverts à 100% par la Sécu pourront également en bénéficier, soit ceux en ALD et les femmes enceintes.
A 15 jours de cette mise en place, le « comité de pilotage pour suivre le déploiement du tiers payant », créé par la loi de santé, doit se réunir pour la première fois, principalement pour évoquer les modalités techniques du tiers payant. Mais d’ores et déjà plusieurs syndicats de médecins libéraux ont annoncé qu’ils boycotteraient cette réunion du 15 juin. En effet les représentants des médecins libéraux sont toujours aussi remontés contre cette mesure, même s’ils adoptent des tactiques différentes.
MG France sera ainsi le seul des cinq syndicats principaux de médecins à se rendre à la réunion du 15 juin. L’organisation considère que le meilleur moyen d’exprimer son mécontentement est de le faire en personne. « Nous y allons pour redire notre position de refus sur l’obligation et pour montrer que pour l’instant d’un point de vue technique le système simple promis n’est pas encore opérationnel, » explique Claude Leicher. Il constate en effet que pour les bénéficiaires de l’ACS techniquement ce n’est toujours pas au point et que pour les patients pris en charge à 100% les dysfonctionnements s’accumulent. De plus le président du syndicat n’est pas partisan de la politique de la chaise vide : « on ne quitte pas le terrain pendant la bagarre ». Claude Leicher considére qu’une absence peut être bien plus préjudiciable : « je ne veux pas qu’on puisse dire après coup "le tiers payant ça n’a pas marché à cause des médecins libéraux". J’y vais pour montrer que ça ne marche pas parce que techniquement ça ne peut pas marcher ».
Pour le SML, pas question en revanche de se rendre à la réunion du 15 juin; sa position sur le tiers payant est clair depuis longtemps : « on ne va pas se rendre à une réunion pour aider à mettre en place une mesure à laquelle nous sommes opposés » s’emporte Eric Henry. « On pratique déjà le tiers payant social depuis des années, souligne-t-il, la pratique du tiers payant sur la part obligatoire nous a même permis d’éviter des conflits d’argent, des soucis financiers. Mais comme on le dit depuis longtemps, on refuse catégoriquement une généralisation obligatoire ». Malgré cette opposition ferme, le SML se veut légaliste et ne donnera donc pas de mot d’ordre de boycott « à partir du moment où une loi est mise en place, on l’applique » explique-t-il.
Une position qui rompt avec celle de la FMF et de la CSMF qui, en plus de bouder la réunion ministérielle de la mi-juin, appellent au boycott du tiers payant. « « Nous avons appelé les médecins à ne pas pratiquer la généralisation du tiers payant pour les ACS et nous ferons de même avec cette nouvelle étape » explique Luc Duquesnel qui défend une « désobéissance civile ». Les deux syndicats appelent donc leurs confrèresà ne pratiquer que le tiers payant social. « Nous mettrons de grandes affiches dans nos cabinets pour expliquer que nous ne le ferons pas. Les médecins en ont assez d’être considérés comme des pigeons » s’agace Jean-Paul Hamon.
Malgré les retards techniques, et avec ou sans les médecins, la ministre garde pourtant le cap et son agenda. Après cette nouvelle étape du 1er juillet, une autre devrait avoir lieu à partir du 1er janvier 2017 où le tiers payant pourra être proposé à tous les français avant de devenir un droit fin 2017.
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