Sur les 22 projets pilotes de Services d’accès aux soins (SAS) annoncés pour 2022, 15 ont été « lancés » et 18 seront « opérationnels d’ici la fin d’année ».
Ce lundi 29 novembre, une table ronde autour du SAS a été organisée par l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS). La sous-directrice de la Direction générale de l’offre des soins (DGOS) Sylvie Escalon a souhaité dresser le tableau de ce « dispositif extrêmement ambitieux et très lourd dans son organisation », insistant sur la terminologie de projets pilotes et surtout pas d'« expérimentations ».
Cette dernière a rappelé l’investissement pluriannuel de 340 millions d’euros alloués au SAS (sur trois ans) sur les 750 millions du « pacte de refondation » des urgences ; les 60 projets déposés et « la volonté du président de la République » d’en mettre plus d’une dizaine en route, menant à la sélection de 22 projets, couvrant 40 % de la population française.
Vers une généralisation du SAS ?
Mais, observe Sylvie Escalon, « il y a encore beaucoup de candidats au SAS ». Ainsi la sous-directrice de la DGOS interroge : faut-il une « deuxième vague » de projets ou généralisation ? La question devrait être tranchée en début d’année prochaine, puisque le ministère de la Santé attend d'ici la fin de l'année une « évaluation/bilan quantitatif », un « point avec chaque équipe de SAS » et « une évaluation directe auprès des patients », en lien avec France Assos Santé.
Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France, a rappelé les prémices du projet de SAS. « Juin 2019, devant la grève et la contestation des urgentistes, le ministère s’est demandé comment améliorer la situation. » S’en sont suivis deux grands principes : « une porte d’entrée unique et une régulation médicale ». Cette dernière a d'ailleurs connu des difficultés de recrutement pendant la crise sanitaire en raison de la rémunération attrayante en centre de vaccination, a-t-il ajouté.
Quelques chiffres ont été évoqués par l’urgentiste dans son SAS 57, mis en place en octobre 2019 : « 80 000 appels en plus mi-mars » ; « 50 à 60 % des appels menant à des conseils médicaux, ce qui montre que le système fonctionne bien » ; « 95 % des appels sont décrochés et traités en moins de trente secondes » ; « 10 à 15 % d’appels en plus depuis la mise en place du SAS sans aucune publicité » ; « 60 % des appels concernaient les urgences avant la crise, 40 % les généralistes. Avec la crise, les chiffres se sont inversés ». Mais, de son aveu, l’effection est « difficile à mettre en œuvre ».
Le problème de la rémunération des effecteurs
Même son de cloche du côté du Dr Valérie Briole, présidente UMFL-S de l’URPS d’Île-de-France. Elle aussi a pointé les « faiblesses sur l’effection » et a critiqué la valorisation de l’acte par le forfait structure, « dégressif et opaque », prévu par l’avenant 9. Ainsi pour elle, « les médecins ne sont pas contents » et pour sortir des blocages de signature, « tout le monde doit faire des efforts », a-t-elle clamé, en regardant la sous-directrice de la DGOS.
Dr Valérie Briole s’est, en même temps, félicitée du SAS 78 qui verra le jour bientôt, soulignant que l’ARS locale « a mis les moyens entre ville et hôpital ». Si « les choses se construisent », elle réclame toutefois « au moins le tarif d’une double consultation pour les effecteurs ». Ce à quoi Sylvie Escalon a rappelé le cadre prévu par l'avenant conventionnel, lequel apporte, selon elle, « une rémunération complémentaire ».
75 % des appels d’urgence concernent la santé
Au sujet de la loi Matras, prévoyant trois expérimentations de numéros d’urgence, elle « n’empêcherait pas la généralisation du SAS », a assuré Sylvie Escalon. Elle ne poserait « aucun problème » a abondé Dr François Braun, lequel a tenu à soutenir que « les Français connaissent les numéros d’urgence », précisant d’ailleurs que « 75 % des appels d’urgence concernent… la santé ! »
Autre sujet au cœur des discussions : la plateforme digitale SAS pour les professionnels de santé. La sous-directrice de la DGOS a donné plus de précisions : « elle se déploiera au début de l’année 2022 et contiendra un annuaire central national ; un moteur de recherche associé et un agrégateur de prise de rendez-vous ».
À propos de la délocalisation de la régulation, le Dr Braun a rappelé que « le SAS ne l’interdit pas », mais c’est « techniquement compliqué ». Ce dernier a également parlé d'un « vrai problème » quant aux horaires du SAS, lesquels dépendent du cahier des charges des régions. Le 24 heures sur 24 est « la volonté de chacun », même si « ce n’est pas si simple », a-t-il ajouté. Toutefois, « en mode SAS, le décroché est de 95 % ; en PDSA, de 60 % ». L'objectif, d'abord, est « la mutualisation » des SAS dans une même région, la première étape avant une généralisation ?
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie