Syndrome coronaire aigu

La varénicline pourrait être prescrite dès l’hospitalisation

Publié le 03/12/2015
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A 24 semaines plus de 47% des patients sous traitement avaient arrêté de fumer

A 24 semaines plus de 47% des patients sous traitement avaient arrêté de fumer
Crédit photo : PHANIE

La survenue d’un syndrome coronaire aigu est souvent le moment où un fumeur prend conscience des dangers du tabac et souhaite arrêter de fumer. Peut-on l’aider par un moyen pharmacologique qui serait efficace et bien toléré ? C’est ce qu’a évalué l’étude Evaluation of Varenicline in Smoking Cessation for Patients Post-Acute Coronary Syndrome (EVITA).

Il s’agit d’un essai thérapeutique contrôlé, conduit en double aveugle contre placebo dans 40 centres investigateurs aux États-Unis et au Canada. L’objectif était d’évaluer une hypothèse de supériorité du traitement par varénicline par rapport au placebo : la possibilité d’obtenir une cessation du tabagisme (validée biologiquement par le taux de monoxyde de carbone exhalé inférieur ou égal à 10 ppm), à 24 semaines, chez des patients ayant un tabagisme actif à plus de 10 cigarettes/j, hospitalisés pour un syndrome coronaire aigu (SCA) et motivés pour arrêter de fumer. Le traitement évalué était la varénicline à 1 mg 2 fois par jour, prescrite pour 12 semaines, ou son placebo.

Une aide certaine…

Les 302 patients inclus avaient une ancienneté moyenne du tabagisme de 36 ans et 56 % étaient hospitalisés pour un syndrome coronaire aigu avec sus-décalage du segment ST.

Le traitement a été débuté lors de l’hospitalisation, en moyenne 2 jours après l’admission. La longueur moyenne du séjour hospitalier a été de 3 jours.

À 24 semaines, les taux de patients ne fumant plus depuis au moins 7 jours, ont été de 47,3 % dans le groupe varénicline et de 32,5 % dans le groupe placebo, la différence étant significative (p = 0,012). Les taux respectifs de patients ayant réduit d’au moins 50 % le nombre de cigarettes fumées quotidiennement ont été de 67,4 % et 55,6 %, différence elle aussi significative en faveur de la varénicline (p ‹ 0,05).

Les taux d’effets indésirables n’ont pas été différents entre les groupes, mais il y a eu une plus grande fréquence de rêves anormaux dans le groupe varénicline (15,2 %) que dans le groupe placebo

(4,6 % ; p‹ 0,01 pour la comparaison).

…avec des nuances

Ainsi, la varénicline apparaît efficace et bien tolérée, même prescrite dès la phase précoce d’un syndrome coronaire aigu. Mais le taux de fumeurs à 6 mois reste important (plus de 50 %); l’étude n’a peut-être pas eu la puissance suffisante, notamment en termes de nombre de patients, pour détecter certains effets indésirables qui pourraient être graves. Enfin, un traitement par substitut nicotinique dans le groupe contrôle aurait permis une meilleure appréciation de l’apport du traitement en pratique médicale courante.

(*) Eisenberg ME et al. AHA 2015 scientific sessions nov 9, LBCT.02
Dr François Diévart

Source : Le Quotidien du Médecin: 9455