LE QUOTIDIEN : En quoi consiste MyPeBS ?
Dr SUZETTE DELALOGE : Il s'agit d'une étude randomisée comparant le dépistage organisé standard en vigueur dans le pays et une stratégie personnalisée en fonction du risque. Notre objectif est de recruter 85 000 femmes au total, qui seront suivies sur quatre ans. À ce jour, nous en sommes à 2 700 inclusions, dont environ 2 000 en France. Cette étude ne se fait pas à l’hôpital mais en ville : beaucoup des inclusions ont été permises grâce à l'engouement des médecins généralistes en particulier.
Le critère principal est l'incidence des cancers de stade 2 et plus, le but étant d'éviter les cancers graves, mais pas d'augmenter le risque de surdiagnostic en détectant les stades 1. Un certain nombre d'autres paramètres vont être évalués à l'aide de questionnaires notamment, comme la qualité de vie et l'impact socio-économique.
Comment est évalué le risque individuel ?
La stratégie personnalisée repose sur l'évaluation du risque de développer un cancer du sein invasif. Nous utilisons un score de risque standardisé, qui prend en compte l'âge, les antécédents personnels et familiaux, la densité mammaire et un score de 313 polymorphismes génétiques.
Nous avons défini quatre catégories de risque. En cas de risque très élevé (risque équivalent au risque lié à une anomalie génétique prédisposante), une mammographie et une IRM sont réalisées tous les ans. Pour des femmes à risque élevé (équivalent au risque d'une femme ayant déjà eu un cancer ou une lésion atypique), une mammographie annuelle est prévue. En cas de risque moyen (équivalent au risque moyen d'une femme de 60 ans), une mammographie est réalisée tous les deux ans. Et pour les femmes à risque faible (moins de 1 % de risque de cancer invasif dans les cinq ans), la prochaine mammographie est dans quatre ans.
Comment se positionne cette approche personnalisée par rapport au dépistage organisé ?
L'étude MyPeBS a été lancée dans le cadre d'un appel à projets visant à construire un programme d'intervention dans le domaine de la santé. Nous avons donc pensé la stratégie personnalisée de façon à ce qu'elle puisse être implémentée dans le dispositif déjà existant du dépistage organisé, mais avec l’intervention des médecins de terrain qui informent les femmes, proposent l’étude et communiquent le risque individuel. Les femmes du bras dépistage personnalisé reçoivent un courrier les invitant à se faire dépister de la même manière que les autres, avec en plus un calendrier et des examens individualisés. Si MyPeBS parvient à montrer le bénéfice d'une approche personnalisée, les modalités de mise en œuvre à grande échelle seront évaluées en vue de nouvelles recommandations. Mais cela ne se fera pas avant un horizon de dix ans. Les premiers résultats sont attendus pour 2026-2027.
Au-delà du dépistage personnalisé, que peut apporter MyPeBS ?
Avec le projet MyPeBS, nous allons disposer d'une grande cohorte, avec beaucoup de données permettant, entre autres, d’affiner l’évaluation des risques à moyen terme. Nous allons aussi pouvoir comparer le point de vue des femmes par exemple entre les différents pays de l'étude.
Pour en savoir plus : mypebs.eu/fr/
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