Traitement anticoagulant par AVK

Le grand âge n’est pas une contre-indication en soi

Publié le 23/09/2011
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Crédit photo : phanie

LES ANTIVITAMINES K (AVK) sont très souvent utilisés pour prévenir les accidents thromboemboliques veineux et des accidents vasculaires cérébraux chez les patients ayant une fibrillation auriculaire (FA). La crainte d’une hémorragie est la préoccupation majeure lors de leur prescription, en particulier chez les patients très âgés, chez lesquels les facteurs de risque de saignement peuvent être nombreux.

Daniela Poli a présenté les résultats de l’étude EPICA (Elderly Patients followed by Italian Centres for Anticoagulation Study) (1), la plus grande étude réalisée chez des patients très âgés traités par anticoagulant pour la prévention d’une thrombose veineuse ou, le plus souvent (75 % des cas), pour la prévention du risque d’accident vasculaire cérébral chez des patients en FA. Elle a inclus 4 093 patients âgés de plus de 80 ans (âge médian 84 ans, extrêmes 80 et 102 ans), n’ayant jamais reçu d’AVK pour la thromboprophylaxie d’une FA ou après maladie thromboembolique veineuse.

Information, éducation du patient et des proches, qualité de l’observance.

Pour tous les patients, le suivi du traitement anticoagulant a été effectué dans des centres spécifiquement dédiés, la qualité de l’anticoagulation étant une condition requise. Les patients ont été bien informés sur leur traitement et ses contraintes, afin de minimiser le risque d’effets indésirables. Les responsables de ce travail ont également impliqué les membres de la famille et l’équipe soignante dans l’éducation du patient.

Pour s’assurer de la meilleure observance possible, les patients ont été informés dans le détail des doses quotidiennes à prendre et de la conduite à tenir.

Une bonne gestion de l’anticoagulation, comme cela a été le cas dans le cadre de l’étude EPICA, constitue sans doute un facteur de diminution du risque d’hémorragie, comme l’a rappelé Daniela Poli.

Des saignements rares.

L’étude a porté sur 9 603 années-patients. Les auteurs ont enregistré 179 saignements majeurs (soit 1,87 pour 100 années-patients), dont 26 mortels (soit 0,27 pour 100 années-patients). L’incidence des saignements a été plus élevée chez les hommes que chez les femmes, avec un rapport des cotes de 1,4 (intervalle de confiance à 95 % [IC] : 1,12-1,72 ; p = 0,002) et au-delà de 85 ans avec un rapport des cotes de 1,3 (IC : 1,0-1,65 ; p = 0,048).

Au total, dans cette étude de grande ampleur portant sur des patients très âgés, le taux de saignements sous anticoagulant est resté faible faible, ce qui suggère que l’âge ne doit pas être considéré en soi comme une contre-indication au traitement. Une gestion attentive du traitement permet aux patients très âgés et fragiles de bénéficier d’une thromboprophylaxie par AVK dans de bonnes conditions de sécurité.

D’après la communication de Daniela Poli (Florence).

(1) Circulation 2011;124:824-829.

Dr GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9010