Contre l’hyperphagie

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Publié le 24/04/2025
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L’obésité touche 18 % des adultes. Parmi eux, près d’un tiers présente un trouble du comportement alimentaire, en particulier une hyperphagie boulimique, la forme la plus fréquente. Les analogues des récepteurs au GLP1 (arGLP1) pourraient avoir un double bénéfice : perte de poids significative et amélioration des troubles du comportement alimentaire (TCA).

Une étude rétrospective française a suivi, au CSO de Poitiers, 58 patients en situation d’obésité pendant six mois après initiation du sémaglutide (disponible en accès précoce depuis 2022, et en officine depuis octobre 2024, sans remboursement). Ces patients, en majorité des femmes, affichaient un IMC moyen de 51,4 kg/m² et présentaient de nombreuses comorbidités (syndrome d’apnées du sommeil, hypertension, arthrose, diabète). Tous ont été pris en charge dans ce centre spécialisé qui offre un suivi pluridisciplinaire (psychologue, diététicien, infirmier, médecin).

Résultats, une perte de poids moyenne de 11,9 kg (- 8 %) et une baisse nette des comportements hyperphagiques. Le score BES (binge eating scale) montre une diminution des cas d’hyperphagie boulimique (score > 18) de 31 à 8 % et d’hyperphagie boulimique sévère de 12 à 0 %. Un score BES initial élevé était associé à une perte de poids plus marquée. Les sensations de faim ont également chuté, confirmant l’action centrale du traitement sur la régulation de l’appétit.

Si l’impact sur l’alimentation émotionnelle (score DEBQ) n’apparaît pas, une tendance favorable se dégage. Quant à la baisse de l’apport énergétique (de 1 745 à 1 286 kcal/j), il s’accompagne d’une diminution des apports protéiques (de 73 g à 59 g/j), « soulignant l’intérêt d’un accompagnement nutritionnel spécifique pour maintenir la masse musculaire et la fonction métabolique », rappelle la Dr Marie Cerdan, autrice de l’étude.

Toutefois la question du maintien de ces bénéfices à long terme reste posée, alors qu’une réapparition des cravings a été observée dans le programme de développement du semaglutide.

Hélène Joubert

Source : Le Quotidien du Médecin