Projet qui a rapidement fédéré tous les acteurs de la diabétologie française, l’étude Coronado a été mise en place en un temps record au début de l’épidémie de Covid-19, afin de mieux préciser le profil des patients diabétiques hospitalisés pour une forme compliquée de cette maladie virale. « On ne disposait à ce stade que de données observationnelles, non focalisées sur le diabète de type 2, mais qui suggéraient l’impact péjoratif du diabète sur le pronostic », a rappelé le Dr Matthieu Wargny, épidémiologiste au CHU de Nantes. L’adhésion au projet a été très forte, ce qui a permis aux 68 centres participants, en métropole et dans les Outre-mer, d’inclure près de 3 000 patients au lieu des 300 initialement prévus.
Les premiers résultats à J7 de cette étude de cohorte multicentrique nationale, rétrospective et prospective, avaient été publiés dans Diabetologia en mai dernier. Sur les 2 796 dossiers analysés, 800 patients, soit 28,6 % de la cohorte, avaient atteint le critère principal de jugement (intubation trachéale 19 % et/ou décès, 11,2 %). Quelque 574 patients (20,5 %) avaient pu rentrer chez eux et 130 (4,6 %) avaient été transférés en soins de suite et réadaptation ou dans un autre centre.
Toujours à J7, le sexe féminin apparaissait comme protecteur tandis qu’un IMC élevé était associé à un surrisque d’intubation ou de décès. Ni l’âge, ni l’HbA1c n’étaient corrélés au pronostic. Parmi les antécédents, seules l’hypertension artérielle et les syndromes d’apnées du sommeil appareillés avaient un effet négatif. Au niveau des traitements à l’admission, les inhibiteurs calciques étaient associés à un surrisque significatif d’événement du critère de jugement (OR = 1,37 ; p = 0,001), tandis que la prise d’anticoagulants avait un effet protecteur (OR = 0,73 ; p = 0,007).
20 % de décès
Vingt-huit jours après l’admission, la moitié des patients étaient retournés à leur domicile, 20 % étaient décédés et 12 % encore hospitalisés. Le sexe féminin, la prise de metformine et l’ancienneté des symptômes étaient positivement associés au retour à domicile, à l’inverse de l’âge, de la microangiopathie, d’une dyspnée, d’une hyperleucocytose et d’une élévation des Asat et de la CRP. L’HbA1c n’avait pas d’effet pronostique marqué.
Cette étude a bien entendu des limites, notamment l’absence d’information sur le devenir des patients suivis en ambulatoire et l’absence de comparaison avec une population non diabétique. Cela devrait faire l’objet d’une étude, « Coronado contrôle », avec un appariement 1/1 sur l’âge, le sexe et le centre.
Un suivi à long terme est également prévu, en se basant sur les données de l’Assurance-maladie, pour mieux préciser les complications graves au long cours (réhospitalisations, décès) et l’effet de l’infection sur le diabète (intensification du traitement).
SFD 2020. Session ABS-701 « Les résultats de l’étude Coronado »
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