L'enquête LaboIST menée auprès de l'ensemble des laboratoires de biologie médicale de France et de DOM a montré que le nombre de diagnostics biologiquement confirmés d'infections à chlamydia et de gonococcie a été globalement multiplié par 3 entre 2012 et 2016. Le poids de ces deux infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes aurait été estimé en 2016 en France à plus de 300 000 dont 270 000 pour les infections à chlamydia et 50 000 pour les infections à gonocoque. Pour le Dr Ndeindo Ndeikoundam (médecin épidémiologiste, coordonnateur du programme IST, Direction des maladies infectieuses. Santé publique France), des chiffres en deçà de la réalité puisqu'ils ne concernent que les cas d'infections biologiquement confirmées. Les personnes n'ayant pas consulté car asymptomatiques, ou n'ayant pas fait l'objet d'un prélèvement biologique ne sont pas comptabilisés. Ces deux IST touchent davantage la tranche d'âge 15-24 ans avec une prédominance de l'infection à chlamydia pour les jeunes filles et de la gonococcie pour les jeunes hommes et plus particulièrement les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH).
L'augmentation de la syphilis a également été documentée en France depuis les années 2000. Entre 2000 et 2014, environ 8 300 cas de syphilis récentes ont été déclarés en France métropolitaine, dont 38 % pour la seule région Ile-de-France (30 % en 2014). Plus de 80 % des cas déclarés concernent des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes. Les données de syphilis proviennent pour 75 % d'entre elles du Réseau de surveillance des infections sexuellement transmissibles (ResIST) des Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). Ce qui signifie que le poids total de la maladie est sous-évalué car le volume des patients vus en médecine de ville reste toujours mal connu.
Santé Publique France a élargi la surveillance des IST non seulement à d'autres IST à diagnostic biologique comme les infections associées à Mycoplasma genitalium via l'enquête LaboIST qui sera reconduite tous les deux ans, mais aussi à des IST à diagnostic clinique via les GeGIDD (herpès génital, condylomes acuminés). Des données épidémiologiques pourraient être disponibles dans un délai proche.
Mieux documenter le profil des patients
Pour une connaissance plus précise du poids des IST, « la surveillance doit concerner l'ensemble des sites où le diagnostic d'IST est posé », précise le Dr Ndeindo Ndeikoundam. Par ailleurs, les données de laboratoires étant dépourvues d'informations comportementales et cliniques, l'implication des cliniciens est nécessaire pour mieux caractériser les patients pris en charge.
À moyen terme, le réseau ResIST, centré initialement vers les CeGIDD, pourrait être réorienté vers les consultations hospitalières pour une meilleure couverture de ce secteur. Reste à engager une réflexion sur la faisabilité de l'implication de la médecine libérale et notamment des MG dans la surveillance des IST. « C'est capital en termes de surveillance épidémiologique », explique le Dr Ndeindo Ndeikoundam « car un nombre important de diagnostics d'IST se fait en médecine libérale. On a besoin d'aller davantage vers la médecine de ville pour disposer de données d'IST non seulement sur le plan quantitatif mais aussi qualitatif. Et ce, pour mieux documenter le profil de ces patients et décrire les tendances épidémiologiques chez les HSH et les hétérosexuels ».
Toutes ces données, dont l'importance n'est plus à démontrer pour l'élaboration des recommandations (dépistage, prévention), sont largement communiquées aux professionnels de santé via un certain nombre de canaux de communication dont Le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), le site web de Santé publique France (www.santepubliquefrance.fr), les interviews presse, les formations, les conférences, les échanges avec les cliniciens et biologistes et les recommandations d'experts.
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