Dès le début de l’épidémie de Covid-19, le CNGOF a été très réactif et a publié un certain nombre de documents à l’attention des professionnels de santé afin de les guider dans la prise en charge des femmes et de leur bébé. Parmi les grandes interrogations, l’impact de la grossesse sur le risque de contracter l’infection et, lorsqu’elle survient, le risque de forme sévère et de transmission materno-fœtale.
S’il est difficile de répondre de façon formelle à la première question, on sait que les mesures barrière sont efficaces et que le recours aux solutions hydroalcoolique est sans risque.
Le recul de près d’un an a en revanche permis de confirmer que la grossesse, après 20 semaines d’aménorrhée, expose à un risque accu d’infection plus sévère. Certes, dans la majorité des cas, les femmes enceintes sont asymptomatiques et lorsqu’elles présentent des signes généraux, ils sont comparables à ceux rapportés dans le reste de la population. Mais elles font plus souvent des formes sévères, notamment des pneumonies et des syndromes de détresse respiratoire aiguë, un constat qui s’explique physiopathologiquement par la baisse de l’immunité, la réduction de la capacité respiratoire, l’augmentation du travail cardiaque maternel et le risque de thromboses vasculaires.
Deux à cinq fois plus d’hospitalisations
Le taux d’hospitalisation est ainsi multiplié par un facteur 2 à 5. Les études montrent que de 10 à 30 % des femmes enceintes symptomatiques (âgées en moyenne de 35 ans) sont hospitalisées, avec un recours plus fréquent à une oxygénothérapie, voire à une ventilation mécanique, que reflète le taux d’admission en réanimation de 1 à 5 %. Le risque de décès est estimé à 0,2 % chez les femmes enceintes symptomatiques. Ce risque varie en fonction de la présence de facteurs individuels reconnus en population générale : âge > 35 ans, obésité et présence d’affection chronique comme le diabète et l’HTA. Le troisième trimestre de la grossesse est un autre facteur de risque d’évolution sévère, avec notamment une augmentation du risque de prééclampsie par atteinte placentaire spécifique.
Prématurité induite
Au total, les patientes ayant une infection Covid-19 sont environ 3 à 4 fois plus exposées aux risques de complications, qu’elles soient générales ou spécifiques, en particulier à la phase aiguë de l’affection. Cela se traduit par une augmentation de la prématurité induite, pouvant aller jusqu’à 20 % de prématurité chez les patientes nécessitant une oxygénothérapie et une plus grande fréquence des césariennes.
À l’échelon de la population des femmes enceintes, les études n’ont toutefois pas montré d’augmentation des taux de césariennes au cours de la première vague, ni des fausses couches ou des morts fœtales in utero. Le risque de transmission verticale, de la mère au fœtus, semble également très faible. À ce jour il n’y a pas de fœtopathie spécifique rapportée en lien avec l’infection par le Sars-CoV-2. La transmission virale est en revanche possible en postnatal, ce qui justifie des mesures de prévention en cas d’infection maternelle. Le risque de forme néonatale sévère est très faible et tout doit être mis en œuvre pour favoriser le lien mère enfant et l’allaitement maternel. Des cohortes de suivi d’enfants infectés sont en cours.
Enfin, il faut souligner que tous les soignants ont conscience de l’impact de l’épidémie sur le vécu de la grossesse et sur les modalités de l’accouchement.
Communication du Pr Cyril Huissoud, Lyon
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