IL EXISTE un lien entre la mémoire et les émotions, ou troubles intenses de l’affectivité, chez les sujets normaux. Pour illustrer ceci nous avons tous le souvenir exact de « où nous étions lorsque nous avons vu les tours de Nesw York en flamme puis s écrouler » (émotion intense).
Dans la MA, les troubles cognitifs vont progressivement affecter l’ensemble des fonctions supérieures de façon hétérogène suivant l’envahissement par la protéine tau des régions neuronales sous tendant ces fonctions. Les bases neurales des émotions ont été décrites par A. Damasio, et beaucoup d’autres depuis ; les régions activées dans le cortex préfrontal, dépendent de la perception (quel sens) et de la tonalité (si plaisant ou déplaisant).
Dans la MA il y a une disparition progressive de la « mémoire qui sait » au profit de la « mémoire qui ressent », la mémoire émotionnelle des évènements marquant. C’est pourquoi les personnes atteintes de la MA jusqu’à un stade modérément sévère (en dehors des formes frontales), sont souvent encore performantes dans le domaine des émotions et des sensations. L’exploration des liens entre mémoire et émotions dans la MA devrait permettre d’améliorer la prise en charge des patients par leurs proches ou par les professionnels.
•Cela veut dire (1) :
Pour les familles, en connaissant les goûts antérieurs de la personne, de rechercher des moments de bonheur et de joie, tant que c’est possible. Par exemple la « pet –thérapie » (pet : animal de compagnie en anglais) est souvent utilisée, les personnes qui aimaient les animaux éprouvent encore du plaisir et un apaisement à avoir un chat, un chien ou un lapin avec eux un moment ou en permanence. Beaucoup d’EHPAD ont un chat, un chien ou à défaut un lapin ou des perruches. Il existe dans beaucoup de villes des associations organisant des visites d’hôpitaux avec leurs chiens pour apporter aux malades un moment de tendresse. Un petit robot phoque « Parot » a même vu le jour au Japon et a été testé en France chez des déments sévères qu’il apaise en bougeant et gémissant quand on le caresse.
On peut aussi calmer une personne devenue irritable avec des photos de sa famille, récentes, puis de son enfance, en sachant que plus la maladie évolue, et plus il faut remonter dans le temps.
• Cela veut dire (2) :
Pour les professionnels, de mettre tout en œuvre pour entrer en relation avec les malades afin de répondre à leurs besoins fondamentaux en sachant se baser sur ce qu’ils aimaient avant la maladie.
Les accueils de jour Alzheimer (liste sur le plan Alzheimer si besoin) sont des lieux experts, des thérapies non médicamenteuses pour les patients atteints de pathologies neurodégénératives ; ces ACDJ acceptent ceux qui ont envie de venir après un essai, car le plaisir ou état émotionnel positif est la condition de base pour stimuler ces personnes ! Les ateliers proposés tiennent compte des goûts passés de chacun, de leur culture et bien sûr de leur stade d’évolution!
Les ateliers stimulant le cerveau des émotions sont par exemple, les ateliers réminiscence (évoquant les souvenirs du bon vieux temps), les ateliers art et création (en les aidants ou incitant à réaliser une œuvre), les ateliers Snoezelen (stimulation multi sensorielle dont le toucher), les ateliers esthétiques (faire une coiffure, des massages, des soins de beauté), et les ateliers danse et, bien sûr, des ateliers musique, qu’il s’agisse d’écoute ou de chant.
Mais autant que les ateliers eux même, le fait d’aller à un « club » retrouver une ambiance amicale redonne aux participants du plaisir et des liens sociaux qui avaient disparus.
Une étude récente vient de montrer que les activités proposées sont d’autant plus bénéfiques qu’elles correspondaient aux gouts de la personne.
Hopital Broca APHP Paris 13
et Accueil de jour Alzheimer Isatis (Paris 13 et 15)
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