Faut-il médiquer les céphalées de l’enfant ?

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Publié le 20/06/2024
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Entre bénéfices peu évidents et effets secondaires potentiels, la question de la prescription médicamenteuse dans les céphalées de l’enfant se pose.

L’effet placebo est bien supérieur à celui noté chez l’adulte

L’effet placebo est bien supérieur à celui noté chez l’adulte
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Les céphalées touchent 50 à 60 % des enfants, la grande majorité sont primaires. Une analyse récente chez des 8-18 ans a relevé 11 [9-14] % de migraines : 8 [5-12] % sans aura et 3 [2-4] % avec (1). La prévalence augmente avec l’âge, avec une nette prédominance féminine après la puberté.

Le traitement médicamenteux des crises de migraine chez l’enfant repose sur les recommandations de la Société française d’études des migraines et céphalées (SFEMC), en 2021, et celles de l’Association américaine de neurologie, en 2019. Ces dernières s’accordent sur le fait que le premier traitement est l’ibuprofène, à la dose de 10 mg/kg par jour (400 mg max), dès le début de la crise. Pour les adolescents, à partir de 12 ans ou pesant plus de 30 kg, l’utilisation des triptans est recommandée. En France, seul le sumatriptan intranasal 10 mg possède l’AMM. Cependant, le zolmitriptan, le rizatriptan et l’almotriptan peuvent également être utilisés, en fonction de la sensibilité individuelle aux triptans.

De manière générale, « les enfants reçoivent souvent des doses inadéquates, augmentant le risque de céphalées par abus médicamenteux », dénonce la Dr Juliette Andreu-Gallien (hôpital Trousseau, AP-HP).

Les enfants reçoivent souvent des doses inadéquates

Dr Juliette Andreu-Gallien

Par ailleurs, « il y a des situations où nous n’avons pas très envie de prescrire des médicaments », reconnaît la spécialiste, en l’occurrence dans le cas des céphalées de tension de l’enfant. Alors que, chez l’adulte, les traitements incluent l’acétaminophène/paracétamol, l’aspirine, l’ibuprofène +/- caféine pour les céphalées de tension épisodiques, il existe peu de publications en pédiatrie dans ce contexte, d’où un traitement principalement non médicamenteux.

En cas de céphalées fréquentes, la consultation d’un psychologue est indiquée. Dans la migraine, chez les enfants, le seuil pour envisager un traitement de fond se situe entre quatre et six crises par mois. Mais, du fait d’un effet placebo important – bien supérieur à celui observé chez l’adulte –, la question de l’intérêt de prescrire ces traitements chez l’enfant est légitime. Ce n’est donc qu’après avoir essayé les techniques psychocorporelles et la gestion des comorbidités (signes anxieux et dépressifs) que l’on peut discuter la prescription d’amitriptyline ou de propranolol.

(1) Onofri A et al. J Headache Pain.
2023 Feb 14;24(1):8


Source : Le Quotidien du Médecin