Cette année encore, à l’approche de la période hivernale, c’est la situation de nos jeunes patients atteints de formes graves de bronchiolite qui nous préoccupe. Et cette année encore, nous souhaitons alerter les autorités de santé sur la nécessité de se mobiliser en faveur d’une prévention qui, désormais, a fait la preuve d’une efficacité remarquable. Il est bien sûr question ici du nirsévimab (Beyfortus), qui permet de faire baisser de 80 % les formes graves de bronchiolite. Il s’agit d’un traitement innovant et d’une modalité précieuse face à l’épidémie annuelle de bronchiolites, à l’origine d’environ 35 000 hospitalisations par an chez les nourrissons de moins d’un an.
L’an passé, nous avions déjà lancé un appel pour permettre un accès le plus large possible à ce traitement. Cette année 2024 nous a confortés dans cette voie, car le médicament a confirmé sa grande efficacité et son excellente tolérance, pas seulement dans les essais cliniques, mais aussi dans la vie réelle. Un accès élargi à ce traitement nous semble particulièrement nécessaire, car nous constatons que toutes les familles ne sont pas forcément égales face à cette prévention.
On sait qu’aujourd’hui l’immunisation est proposée aux parents à la sortie de la maternité. De cette manière, on atteint une couverture de 85 % à 90 % des nouveau-nés. Mais cette couverture est nettement moins élevée quand l’immunisation est prescrite en ville par un pédiatre ou un généraliste. Dans ce cas, elle est seulement de 40 % à 45 %. Cela peut s’expliquer par des raisons financières. À la sortie de la maternité, les familles n’ont rien à payer, ccar il existe une compensation financière des établissements de santé pour l’achat du nirsevimab. Plus tard, seul 30 % du coût du médicament est pris en charge par l’Assurance-maladie et tout dépend du niveau de prise en charge par la mutuelle des parents, s’ils ont en une.
Cette année, un vaccin maternel (Abrysvo) a également été mis sur le marché, permettant de compléter les moyens de prévention des infections à VRS.
Il y a un gros travail de pédagogie à mener pour que les circuits, les filières et les parcours de soins soient mieux identifiés
Une autre priorité, pour l’année à venir, sera d’aider les parents, les familles, à accéder de façon plus précoce au dépistage et à la prise en soins des enfants atteints de troubles du neuro-développement et des troubles de l’attention et de l’hyper activité ; cela va nécessiter de rendre plus visibles les parcours de soins, de pouvoir identifier les professionnels de santé concernés. Des recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) ont été rendues publiques cette année et il est important qu’elles soient diffusées et expliquées le plus largement possible. Les prises en charge médicamenteuses et multidisciplinaires ne sont pas toujours bien comprises par les familles, et même par certains professionnels de santé. Il y a aussi un gros travail de pédagogie à mener pour que soient mieux identifiés les circuits, les filières et les parcours de soins. Soyez sûr que la Société française de pédiatrie saura aussi se mobiliser sur ce chantier important.
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