EN FRANCE, la durée moyenne de séjour en maternité est de 4,4 jours (en 2007), supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE (3,2 jours). La tendance au raccourcissement du séjour en maternité répond à des contraintes économiques, également à une certaine demande des couples d’une non-médicalisation de la naissance. La sortie précoce (entre J0 et J2 après un accouchement par voie basse et entre J0 et J4 après une césarienne), reste minoritaire mais progresse également : 10 % dans les maternités de niveau 3,7 % dans celles de niveau 2 et 4 % en niveau 1. « Ces sorties précoces sont généralement anticipées, très encadrées, et les femmes sortent très bien accompagnées », souligne Vanessa Follot-Ekodo (sage femme libérale, Villesnes-sur-Seine). « En revanche dans le système actuel, à 24 heures près (sortie à J3 au lieu de J2) les femmes sortent sans personne, livrées à elles-mêmes, en pleine montée laiteuse et/ou avec des enfants dont le poids est à peine stabilisé. » C’est précisément ces situations que vise le programme PRADO qui prévoit, pour les femmes qui le souhaitent, un suivi de la mère et de son enfant par une sage-femme libérale au retour à domicile à partir de J3, avec une première visite le lendemain de la sortie de la maternité et une deuxième vingt-quatre à quarante-huit heures après. PRADO concerne des femmes de plus de 18 ans, sans comorbidités ni complications, ayant accouché par voie basse d’un enfant unique, né à terme, avec un poids en rapport avec l’âge gestationnel. D’après la CNAM les femmes qui ont déjà bénéficié de ce programme s’en disent satisfaites.
Les réactions mitigées des professionnels.
Du côté des professionnels, en revanche, les réactions sont plus mitigées. Les sages-femmes ont dénoncé notamment l’absence de concertation avec les professionnels de terrain et un manque d’ancrage avec les organisations existantes. « Ce dispositif, pourrait toutefois permettre, note Vanessa Follot-Ekodo, de réamorcer l’offre et la demande en matière de suivi postnatal et serait un moyen d’en généraliser la mise en place. »
L’Académie de médecine « sans méconnaître aucunement l’intérêt des sorties précoces de maternité » estime qu’un retour à domicile systématique avant trois jours n’est pas souhaitable ; elle préconise trois visites au lieu des deux prévues dans le PRADO.
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) exprime ses doutes « en termes de santé publique » sur l’efficacité de ce dispositif en raison notamment d’une absence de concertation avec les gynécologues obstétriciens, les pédiatres, les services de PMI ; il regrette le choix d’impliquer uniquement les sages-femmes libérales dont le nombre et la répartition sur le territoire ne permet pas d’assurer ce service. Enfin, les infirmières puéricultrices rappellent que, jusqu’à ce jour, ce sont les infirmières puéricultrices de PMI qui assurent les visites postnatales à la sortie de la maternité et s’interrogent également sur la possibilité - avec une durée d’hospitalisation et de suivi telle que celle proposé par le programme - d’« assurer un retour serein et sans danger pour le bébé et sa maman ».
Il reste que, sauf contre-ordre, le programme PRADO devrait être généralisé à l’ensemble de la France au cours de l’année 2012 avec l’objectif de le proposer aux 530 000 femmes en France dont l’accouchement est dit physiologique.
Remerciements à Nour Richard-Guerroudj (« Profession sage-femme »).
Référence : « Profession sage-femme », Dec 2011-Janv. 2012 n° 181.
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