Plus de dix ans après les dernières recommandations sur les infections urinaires communautaires, celles publiées il y a quelques mois par l’AFU et la SPILF se sont adaptées aux évolutions de l’antibiorésistance, insistant notamment sur l’urgence de lever le pied sur les prescriptions de carbapénèmes et de fluoroquinolones, notamment dans la cystite de la femme.
Mais la nouvelle feuille de route présentée lors du congrès revisite aussi le versant masculin des infections urinaires. Avec, notamment, la création d’une nouvelle entité nosologique : les infections urinaires masculines.
Plutôt que de prostatite aiguë, de cystoprostatite ou d’orchi-épididymites, on parle en effet désormais d’« infection urinaire masculine ». L’idée : ne plus se focaliser sur les prostatites – qui ne représentent qu’une partie des infections urinaires masculines – mais intégrer le fait que les hommes peuvent aussi présenter d’authentiques pyelonéphrites ou, à l’inverse, des infections urinaires « a minima » (sans fièvre ni AEG ) que les Anglo-Saxons appellent déjà « cystite like ». En d’autres termes, « les IU masculines sont très hétérogènes, allant des formes peu symptomatiques sans fièvre jusqu'au choc septique », résument les auteurs des recos.
« Cette diversité justifie de moduler la prise en charge initiale en fonction des signes cliniques, poursuivent les auteurs. Cependant, aucun test diagnostique non invasif ne permet d’écarter une infection prostatique qui doit donc être prise en compte dans la prise en charge ultérieure ».
Incontournable ECBU
En pratique, cette évolution sémantique reste donc sans conséquence sur le traitement. Après la réalisation
désormais « obligatoire » d’un ECBU (chez l’homme comme chez la femme, un message essentiel de ces recos est qu’en dehors de la cystite aiguë simple, il n’est plus possible d’affirmer l’existence d’une infection urinaire sans ECBU), une antibiothérapie probabiliste doit être instaurée dès les prélèvements bactériologiques réalisés. Seule exception : les formes pauci-symptomatiques où il est dorénavant possible d'attendre le résultat de l'ECBU pour débuter l'antibiothérapie, afin de traiter une infection documentée d’emblée.
L’antibiothérapie probabiliste recommandée est similaire à celle des pyélonéphrites aiguës, « c'est-à-dire fluoroquinolones ou céphalosporines de 3e génération dans les formes simples, ou les céphalosporines de 3e génération avec amikacine dans les formes graves ou à risque de complication », indique le Dr Jean-Dominique Doublet (CH de Versailles), responsable du Comité Infectiologie de l’AFU. Lorsque le germe est documenté, il faut privilégier les molécules à bonne diffusion prostatique. « à la différence des IU de la femme, les fluoroquinolones sont à privilégier pour le traitement des IU masculines documentées à bactérie sensible, même lorsque d’autres molécules à spectre plus étroit sont disponibles, en raison de l'importance de la diffusion prostatique », indiquent les recos.
Un choix sage comme en témoigne une étude présentée à l’AFU 2014. Mené sur une cohorte de 158 patients atteints de prostatite aiguë, ce travail recense une récidive chez un patient sur quatre. Avec un seul facteur de risque de récidive identifié : la prescription d'un antibiotique d'une autre classe que les fluoroquinolones (OR = 3,152 ; IC à 95 % :1,195- 8,312 ; p = 0,0203).
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