Chikungunya : les plus de 65 ans retirés de la vaccination, la campagne reste ouverte aux adultes plus jeunes avec comorbidités

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Publié le 28/04/2025

Après trois évènements indésirables graves dont un décès, les plus de 65 ans ne font plus partie des personnes à vacciner contre le chikungunya. En revanche, les autres adultes avec comorbidités sont invités à se protéger, alors que l’épidémie se stabilise à des niveaux élevés à La Réunion.

Crédit photo : VALERIE KOCH/SIPA

« Si vous avez une insuffisance rénale, une insuffisance cardiaque, respiratoire, un diabète, une obésité, vous avez entre 18 et 65 ans, il est recommandé à l'heure où je vous parle de se faire vacciner », a déclaré le ministre de la Santé Yannick Neuder ce 27 avril sur France 3. Ainsi le gouvernement encourage-t-il tous les patients adultes, entre 18 et 65 ans, avec comorbidités à se faire vacciner contre l’épidémie de chikungunya à La Réunion, alors que les autorités de santé viennent de retirer « sans délai » les plus de 65 ans des cibles de la campagne de vaccination pour l'île de l'océan Indien et Mayotte.

Cette décision, prise quelques semaines après le lancement de la campagne le 7 avril qui faisait des seniors une priorité, fait suite à trois évènements indésirables graves, dont un décès.

« Compte tenu de la gravité de ces événements, la Direction générale de la santé (DGS) a saisi en urgence le 24 avril la Haute Autorité de santé (HAS) pour réévaluer les indications de vaccination contre le chikungunya par le vaccin Ixchiq » du laboratoire Valneva, a précisé le ministère de la Santé. La HAS s'étant prononcée ce 25 avril en faveur d'une révision des cibles vaccinales, les autorités sanitaires ont décidé de retirer « sans délai, les personnes de 65 ans et plus présentant ou non des comorbidités ».

Évènements indésirables chez des plus de 80 ans avec comorbidités

Les trois événements indésirables graves sont survenus à La Réunion chez des personnes de plus de 80 ans présentant des comorbidités, a précisé le ministère de la Santé. « Deux personnes ont présenté des symptômes similaires à ceux d'une forme grave de chikungunya quelques jours après la vaccination, dont l'une est décédée. La troisième est sortie d'hospitalisation », a précisé la même source. Le 17 avril, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait annoncé « une surveillance renforcée » d'éventuels effets indésirables post-vaccination avec le vaccin Ixchiq. Contacté par l'AFP, le groupe pharmaceutique franco-autrichien Valneva n'a pas réagi à ce stade.

À la suite de ces annonces, la sénatrice Audrey Bélim (PS) a réclamé une commission d'enquête parlementaire pour « faire la lumière sur les raisons de la grave erreur portant sur la vaccination des plus de 65 ans » et sur les « défaillances » de l’agence régionale de santé dans la gestion de l'épidémie.

« Je fais confiance aux autorités sanitaires », a pour sa part affirmé le ministre des Outre-mer Manuel Valls invité du Grand Jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat, en rappelant que « c'est la première fois qu'un vaccin a été utilisé contre le chikungunya ». Interrogé pour savoir si la campagne de vaccination devait se poursuivre, Manuel Valls a répondu « oui » en précisant que « des recommandations ont été données ». Il a nié toute précipitation dans le lancement de la campagne de vaccination en rappelant que le vaccin Ixchiq avait reçu son autorisation de mise sur le marché européenne en juin 2024.

Près de 100 000 doses achetées

« La vaccination reste ouverte pour les personnes âgées de 18 à 64 ans présentant des comorbidités », a précisé le ministère de la Santé dans un communiqué, alors que la campagne a démarré « timidement », selon le directeur général de l’ARS, Gérard Cotellon. Quelque 40 000 doses du vaccin Ixchiq sont arrivées à La Réunion et 60 000 supplémentaires ont été achetées.

L'épidémie de chikungunya, qui se stabilise à un haut niveau, a déjà provoqué la mort de neuf personnes à La Réunion. Du 7 au 13 avril, la dernière semaine pour laquelle les données sont connues, 350 passages aux urgences ont été enregistrés contre 289 la semaine précédente, soit une hausse de 21 %. Le nombre de cas confirmés comptabilisés sur la même période est lui en baisse, de 6 237 à 4 304, mais Santé publique France précise qu’il n'est pas consolidé et pourrait s'avérer plus élevé.

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr