Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a annoncé ce 24 avril une « intensification de la stratégie vaccinale pour mieux protéger les populations les plus exposées aux méningites ». Face à la recrudescence des cas d’infections invasives à méningocoques (IIM) particulièrement marquée depuis le début de l’année, la stratégie proposée va plus loin que les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) émises en mars.
Comme préconisé par la HAS, l’obligation vaccinale ACWY et B, entrée en vigueur au 1er janvier, est étendue à tous nourrissons jusqu’à l’âge de 2 ans, « y compris ceux ayant déjà été vaccinés contre le méningocoque C », précise le ministère, alignant les deux vaccinations jusqu’à l’âge de 2 ans. Un rattrapage vaccinal est également mis en place pour les moins de 5 ans. La HAS recommandait un rattrapage jusqu’à l’âge de 3 ans contre les sérogroupes ACWY et de 2 à 5 ans contre le B.
Un « renforcement » de la vaccination des 11-14 ans contre ACWY est également annoncé. Une campagne nationale de vaccination sera lancée à la rentrée scolaire 2025 dans les collèges, combinée à celle contre les papillomavirus (HPV). Un rattrapage contre les méningocoques ACWY et B pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans sera également proposé via les professionnels de ville (médecins, pharmaciens, sages-femmes et infirmiers), sur le modèle de ce qui s'est récemment fait à Rennes après la mort d'une jeune patiente.
Incidence la plus élevée depuis 2010
Ce « pas décisif dans la lutte contre cette maladie dévastatrice », selon Yannick Neuder, se justifie par la recrudescence des cas depuis 2022 et l’accélération observée depuis début 2025 (95 cas en janvier et 89 en février). « Cette hausse pourrait notamment s’expliquer par une épidémie de grippe particulièrement intense cette saison, favorisant les infections graves », explique un communiqué du ministère. Selon les dernières données publiées par Santé publique France le 24 avril, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la méningite, 616 cas d’IIM ont été déclarés en 2024 (+ 10 % par rapport à 2023), « soit l’incidence la plus élevée depuis 2010 ».
Les IIM B, dont le taux d’incidence est plus élevé chez les moins de 4 ans, concentrent 45 % des cas avec un sérogroupe connu, suivies par les IIM W (28 %), IIM Y (24 %) et IIM C (2 %). Les IIM W et Y ont également un taux d’incidence plus élevé chez les nourrissons et sont en progression chez les 80 ans et plus. En 2024, 69 décès ont été rapportés, soit une létalité globale à 11 %, « stable » par rapport à 2022 et 2023, mais variable selon les sérogroupes (16 % pour les IIM W, 12 % pour les IIM B et 8 % pour les IIM Y) et selon la présence ou non de purpura fulminans (18 % contre 10 %). En réponse, la stratégie vaccinale avait déjà évolué en janvier, instaurant l’obligation vaccinale des nourrissons de moins de 1 an contre les sérogroupes ACWY et jusqu’à deux ans contre le B.
L’« intensification » annoncée par Yannick Neuder s’accompagnera d’une campagne de sensibilisation déployée « dès les prochaines semaines, à destination des familles, des professionnels de santé et des jeunes ». Le ministère s’engage aussi sur un suivi « rapproché » de la situation épidémiologique et une « adaptation continue » de la stratégie.
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