L’adolescence a toujours été une période de comportements à risque, mais les modalités de prise de risque ont évolué et le sexting, contraction de sexe et texto, est une activité à risque en plein essor. En effet, les adolescents n’hésitent plus à partager leurs photos sexuellement explicites, directement avec leurs proches (le plus souvent le petit ami), il s’agit alors de sexting primaire, mais aussi à leur insu, dans le cadre du sexting secondaire, aux conséquences parfois dramatiques.
Une étude prospective multicentrique menée dans le cadre d’un travail de thèse a permis d’analyser les comportements de 337 adolescents âgés de 13 à 17 ans, ayant rempli un questionnaire en consultation de médecine générale (55 % des cas), en centre de planning familial (25 %) ou au lycée (18,7 %). Il s’agissait majoritairement de jeunes filles (69 % des cas).
Un adolescent sur 5
Le sexting était un terme connu de 31,5 % des adolescents de l’échantillon, un peu plus chez les 15-17 ans que chez les 13-14 ans. « Près d’un adolescent sur 5 a rapporté avoir déjà partagé ses photos ou vidéos à caractère sexuel, à un âge moyen de 16,1 ans », a indiqué la Dr Sophie Delmotte. La tendance était au recours à la messagerie instantanée et aux MMS, le destinataire était dans 70 % des cas le (ou la) petit(e) ami (e). Les images concernaient des rapports sexuels dans 85 % des cas, des rapports oraux dans 76 %. Photos et vidéos de rapports sexuels ont été adressées dans 12 % des cas à des amis, et dans une proportion identique à des inconnus. Ces comportements ne sont pas sans conséquences puisqu’après l’envoi de photos ou de vidéos, 28,8 % des adolescents ont déclaré avoir subi du harcèlement ou de l’angoisse.
Dans près d’un quart des cas, les adolescents ont estimé que leur sexualité était influencée par la pornographie, à laquelle 78 % ont été confrontés involontairement à un âge moyen de 12,6 ans.
Interlocuteurs privilégiés : les amis ou la famille
Ces données soulignent l’importance des actions d’information et de prévention. Pour autant, les médecins traitants sont-ils les mieux placés pour parler de sexualité aux adolescents, en particulier aux jeunes hommes ? Ce n’est pas si évident, selon un autre travail de thèse qui a porté sur les attentes des garçons de 15 à 18 ans vis-à-vis des généralistes à propos de la sexualité. L’analyse des données colligées au cours de 16 entretiens semi-dirigés montre que les amis et la famille constituent la principale source d’information de ces adolescents, mais que le médecin généraliste n’est pas un interlocuteur privilégié. Les jeunes hommes consultent rarement leur médecin et ils sont le plus souvent accompagnés. La sexualité est rarement abordée au cours de la consultation, ce qui correspond au souhait de la majorité des jeunes. Pourtant, ils déclarent ne pas être bien informés et recherchent des données sur internet, ce qui les expose à des notions erronées ou à de la pornographie. Cette dernière est un sujet qui les gêne, tout comme l’homosexualité.
Comme l’a souligné le Dr Julien Pichon, auteur de cette thèse et médecin généraliste remplaçant, il peut être utile de laisser à disposition des adolescents des références de sites internet validés, comme www.filsantejeunes.com qui a l’avantage de proposer une permanence téléphonique ou www.onsexprime.fr.
D’après les communications des Drs Sophie Delmotte (Lille) et Julien Pichon (Nantes)
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