Pr Bernard Debré, député UMP de Paris
Restaurer la confiance
L’organisation de la campagne de vaccination a été traitée en dépit du bon sens par des technocrates de la santé. L’énorme bêtise commise dès le départ aura été de commander aux fabricants des vaccins livrés en flacons multidoses, au nom de d’une pseudo-rentabilité et des impératifs supposés de traçabilité. Aujourd’hui, nous constatons, avec le millier de gymnases ouverts qui restent à peu près déserts, que cette option initiale était mauvaise.
Même s’il est maintenant trop tard pour reconditionner les vaccins en présentations unidoses, même si cela doit entraîner des pertes de flacons ouverts et non entièrement consommés, il est devenu nécessaire d’autoriser les libéraux à vacciner dans leurs cabinets. Il ne s’agit pas tant de calmer la mauvaise humeur exprimée sur cette affaire par les organisations syndicales que de restaurer la confiance des patients dans le vaccin. Ceux-ci ne peuvent pas comprendre que le médecin traitant, en qui ils ont placé leur confiance, soit mis hors jeu. Évidemment, du jour où leur praticien pourra leur proposer le vaccin, on constatera la relance de la vaccination. Cette mesure s’impose
Dr Catherine Génisson, vice-présidente de l’Assemblée nationale, députée PS du Pas-de-Calais
Encore jouable
La campagne de vaccination de masse ne fonctionne pas. Au motif que le conditionnement des vaccins ne lui donnait pas le choix, le ministère a monté une usine à gaz qui, faute d’implication des médecins libéraux, n’a pas la confiance des Français. À ce stade, il serait donc réaliste de reconditionner les flacons de 10 à 5 doses. Avec 5 doses, les généralistes peuvent travailler correctement, sans occasionner de gâchis. Cette réorientation du plan vaccinal en direction des libéraux est encore jouable. Elle devrait être accueillie de manière consensuelle par les élus, car le sujet n’est ni partisan, ni politicien
Dr Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne
Vacciner en cabinet de groupe
Devant l’échec que constitue le lancement de cette campagne de vaccination de masse, avec des problèmes de communication mal maîtrisés et des conditionnements mal appropriés, il est urgent de restaurer la confiance du public dans le vaccin et, pour ce faire, de donner aux libéraux la possibilité de faire l’injection. Quant à l’argument lié aux multidoses, il mérite d’être pris en considération. Un généraliste isolé pourrait avoir des difficultés à écouler le contenu d’un flacon dans la journée ; la solution, c’est de fournir les cabinets de groupe. Aujourd’hui, ils sont d’ailleurs plus nombreux que les cabinets individuels et ils fourniraient un excellent maillage pour la vaccination de masse.
Si la parole avait été donnée plus tôt aux parlementaires, peut-être aurait-on pu faire l’économie de l’échec initial. Je ne puis que regretter que la mission d’information, dont la création avait été tout d’abord envisagée, sur le modèle de celle qui avait travaillé autour de la grippe aviaire, n’ait pas pu voir le jour, en raison de l’opposition du président de la commission des affaires sociales, Pierre Méhaignerie.
Dr Christian Hutin, député (groupe socialiste) du Nord
Difficile de rattraper le coup
L’approche technocratique a primé sur la prise en compte du facteur humain. On voit le résultat de cette politique qui a méprisé la confiance traditionnellement investie par le patient dans son médecin traitant. C’est d’autant plus déplorable que l’on sait maintenant depuis plus d’un siècle que la vaccination est l’affaire du généraliste. Non seulement les gymnases aménagés sommairement inspirent la méfiance du public, mais la manipulation des flacons de 10 doses pour reconstituer le vaccin suscite, de manière inconsciente sans doute, des réticences et aggrave encore le phénomène de désaffection populaire
Dr Denis Jacquat, député UMP de la Moselle
Au nom du pragmatisme
Dans un pays individualiste comme le nôtre, où traditionnellement les Français placent leur confiance dans le généraliste, c’est une attitude simplement pragmatique qui commande d’améliorer le plan de vaccination en fournissant des vaccins monodoses à l’attention des médecins libéraux. Ce recours aux généralistes est d’autant plus nécessaire qu’on a sous-évalué le nombre des personnes qui connaissent des difficultés de locomotion et qui ne sont pas en mesure de se transporter vers les centres de vaccination collectifs
Dr Jean-Pierre Door, député UMP de Loiret
Désolation au pays de Pasteur
La situation des centres de vaccination désertés par le public est terriblement triste. Étant moi-même volontaire pour l’un des centres de mon département, je suis confronté au déni de la population face au risque épidémique. Cette attitude est d’autant plus désolante au pays de Pasteur que nous voyons plusieurs pays où les centres sont littéralement pris d’assaut. Quant à ouvrir la vaccination aux cabinets libéraux, des considérations matérielles semblent y faire obstacle, comme la livraison des vaccins aux pharmacies d’officine. En revanche, les généralistes devront être associées aux campagnes qui suivront à partir du printemps prochain.
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