Est-il encore légitime de prescrire les antiviraux à dose prophylactique dans la grippe A(H1N1)v ? La réponse est non. « La notion de traitement prophylactique doit être remplacée par celle de traitement préemptif, explique le Pr Catherine Weil-Olivier, pédiatre et membre du Comité de lutte contre la grippe. Le Comité de lutte contre la grippe s’est prononcé clairement en faveur de la suppression du traitement à dose prophylactique. De nombreux cas de résistance à l’oseltamivir ont été décrits chez des sujets à risque traités à dose infracurative, alors que la réplication virale avait déjà commencé. Pour les sujets à risque exposés au virus grippal, il est préférable de prescrire à titre "préemptif" à dose curative. La Direction Générale de la santé doit diffuser sur son site les nouvelles fiches de recommandations sur l’utilisation des antiviraux dans la grippe A(H1N1)v ». Exit donc le schéma à 1 dose par jour pendant 10 jours. Seul celui à 2 doses par jour pendant 5 jours devrait avoir cours.
Une mutation identique H275F.
La mutation identifiée dans une famille québécoise ne tient qu’à une seule substitution (H275F) dans la protéine neuraminidase. « C’est la plus fréquente des mutations responsables de résistance à l’oseltamivir, explique le Dr Vincent Énouf, virologue à l’institut Pasteur. Il s’agit de la même mutation que pour les virus grippaux H1N1 saisonnier et H5N1 aviaire. Aujourd’hui, tous les virus H1N1 saisonniers testés en sont porteurs et sont résistants ». Les chercheurs n’ont pas déterminé le point de départ de cette variation génétique. S’agit-il d’une mutation aléatoire qui a été sélectionnée en fonction du contexte extérieur ? Ou bien y a-t-il eu une pression de sélection à un moment donné dans le monde et aujourd’hui tous les virus H1N1 sont résistants, y compris sur le continent africain ? Aucune certitude de la part des scientifiques pour le moment. « Chez des patients hospitalisés en réanimation, la résistance n’est pas retrouvée sur les prélèvements initiaux, poursuit le virologue. C’est donc bien le traitement antiviral qui entraîne la résistance. De plus, les essais cliniques sur le Tamiflu ont montré qu’un traitement prophylactique entraîne 0,4% de résistance chez les adultes et 4% chez les enfants. C’est pourquoi on préfère aujourd’hui le traitement préemptif à pleine dose dans les populations à risque ».
Cette mutation est-elle transmissible ? « Les virus résistants perdent de leur capacité à se multiplier et diffusent moins facilement dans la population. Quant au virus H1N1 saisonnier, il a développé des mutations compensatoires, qui lui permettent de se multiplier normalement. Tout est mis en place pour circonscrire les souches résistantes et limiter leur transmission ».
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