« En écrivant "Changer d’altitude"*, confie Bertrand Piccard au « Quotidien », j’ai voulu partager mon expérience de psychiatre dans la gestion de crise et les relations humaines, l’hypnose et la spiritualité, en proposant des solutions pour vivre mieux sa vie personnelle et professionnelle. J’ai adoré ce livre, car je me suis retrouvé pleinement dans mon rôle pour aider les autres à remettre en question les certitudes qui les gardent prisonniers de leurs problèmes. »
« Le vol en ballon a changé ma vision de la relation thérapeutique et m’a montré que je ne pouvais en être que le météorologue !, poursuit le psychiatre. Dans un ballon, l’aéronaute est prisonnier du vent qui l’entraîne dans une seule et même direction. S’il veut changer sa trajectoire, il doit lâcher du lest pour changer d’altitude et trouver des vents qui l’emmèneront dans une meilleure direction. C’est pour moi une magnifique métaphore de l’existence. Dans la vie, nous sommes tous prisonniers des vents de la vie qui nous empêchent de trouver la liberté. Nous devons alors apprendre à larguer le lest de nos certitudes, nos peurs et nos dogmes, pour changer d’altitude psychologiquement ou spirituellement et trouver d’autres influences, solutions et réponses qui nous permettront de trouver une meilleure direction pour notre vie. Dans ce sens-là, le thérapeute doit aider son patient à tester pour lui-même toutes les altitudes, c’est-à-dire toutes les manières de penser et d’agir afin de découvrir laquelle lui permettra de trouver la direction qui lui est la plus favorable. »
Porté par la médecine.
Jean-Louis Étienne ne se démarque pas non plus de son approche médicale, soulignant que c’est la médecine qui l’a porté tout au long de son parcours d’explorateur en lui faisant franchir tous les obstacles, d’un pôle à l’autre. Dans son dernier livre, « Persévérer »**, il raconte comment il a été à la fois chercheur et cobaye sur la résistance au froid extrême, endurant des souffrances physiques et psychologiques inouïes : « C’est en médecin que je m’émerveille de la vie et du potentiel d’aventure qui est en chacun de nous et qui suscite en moi toujours le même enthousiasme. Dans ces univers sensoriels très pauvres que sont les pôles, on apprend à persévérer dans ses projets, même si le chemin paraît difficile. »
« Comme médecins, nous n’avons pas besoin de pousser nos patients dans l’aventure, ajoute le Dr Piccard, la vie s’en charge elle-même, avec les deuils, les ruptures, la vieillesse, les maladies, les accidents et j’en passe. Le problème est que les patients qui viennent consulter sont ceux qui essayent de résister à ce que la vie nous amène d’irréversible et c’est ce comportement qui renforce leur souffrance. Il faut les aider à prendre en confiance en leur propre capacité à changer d’altitude dans leur vision d’eux-mêmes et de la vie. J’utilise beaucoup l’hypnose éricksonienne pour cela. Dans l’univers, il existe un continuum entre l’énergie la plus subtile, de qualité vibratoire très élevée, et la matière la plus dense, de qualité vibratoire presque nulle. L’être humain se situe quelque part au milieu et se trouve influencé par les deux. Les maladies ont donc une composante énergétique et une composante matérielle. On voit que la médecine allopathique occidentale aurait tout à gagner à collaborer un peu plus avec les approches traditionnelles chinoises ou indiennes qui se concentrent sur l’aspect énergétique des maladies. »
Pour soigner les hommes comme pour guérir la planète, le Dr Piccard en revient toujours au même sujet, l’énergie : « Les premiers médecins qui ont compris que le sang circulait dans le corps ont été brûlés par l’inquisition qui prétendait qu’il était immobile dans les veines. Le débat est le même aujourd’hui entre les conservateurs qui ne voient l’énergie que dans les réactions chimiques des mitochondries, et ceux qui pensent que l’énergie circule dans le corps le long des méridiens. L’essentiel est d’arriver à remettre en question nos certitudes de façon à nous ouvrir à d’autres manières de penser et de voir le monde. »
** « Persévérer, on ne repousse pas ses limites, on les découvre », Paulsen, 218 p., 22,5 €.
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