LA QUALITÉ DE VIE n’est plus un caprice du patient ou une lubie d’un médecin trop consciencieux. Elle est désormais partie prenante du soin prodigué. Laila Idtaleb est responsable d’études au sein de l’institut de sondages Ipsos santé. Elle a clairement constaté cette tendance. « Les professionnels de santé ont de plus en plus à cœur d’évaluer la qualité de vie de leurs patients. D’ailleurs, on entend de plus en plus parler de la notion de bien-être, là aussi c’est le signe de cette préoccupation nouvelle du corps médical. C’est plus généralement un phénomène de société tout entière. » Ipsos a d’ailleurs bâti un Observatoire international des bien-être(s). « La médecine a évolué en ce sens. Beaucoup de médecins l’abordent désormais de façon beaucoup plus holistique. Ils considèrent aujourd’hui le bien-être moral à la hauteur du bien-être physique. Le soin, c’est devenu le basique. Le bien-être du patient, c’est le petit truc en plus, ce qui fait la différence, pour qu’il soit plus acteur. » Différentes enquêtes, qui interrogeaient les soignants sur ce qui faisait pour eux une prise en charge réussie du diabète de type 2, du cancer ou de la dépendance avec Alzheimer ont montré que le bien-être des patients est une « considération puissante ».
Jusqu’alors, on s’intéressait aux aidants, prescripteurs de comportements de soins. Pour la première fois en France, une enquête a été menée, récemment, par l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) auprès des malades Alzheimer eux-mêmes (« le Quotidien » du 21 septembre). « Cette enquête était très qualitative, insiste Laila Idtaleb. Nous avons pris le temps de nous intéresser à la qualité de vie des malades en jugeant leur état de santé, leurs représentations de la maladie. Les échelles utilisées étaient très simplifiées, notamment parce que le temps de concentration de ces personnes est assez limité. Mais nous avons rencontré patients, aidants et médecins. Et nous sommes d’ailleurs sortis de cette enquête en portant un regard un peu moins pessimiste sur cette maladie, en tout cas sur son vécu par les personnes directement concernées. »
Le diktat du bien-être.
Le bien-être est presque devenu un idéal. « C’est plutôt et clairement une évolution positive. Même si nous devons rester vigilants face à la dérive d’en faire un diktat et de mettre à la marge ceux qui ne l’atteindraient pas », précise encore la sociologue.
Les industriels, qui font eux aussi appel à l’institut d’études Ipsos Santé, l’ont en tout cas bien intégré. « On ne peut plus se contenter d’envisager le système de soins à travers le seul spectre des soignants et en particulier des médecins, il faut considérer désormais toutes les parties prenantes et l’interaction entre le médecin et le patient est un élément important. Pour le lancement d’un produit industriel, il faut dès lors enclencher une approche un peu plus globale, le seul regard du médecin ne suffit plus. On ne peut plus ne pas considérer le patient. Il y a dorénavant des opportunités très importantes, que l’on soit un organisme public, un établissement de soins ou un industriel. S’intéresser à la qualité de vie des malades, c’est gagner des points. »
Ipsos Santé utilise ses propres indicateurs pour mesurer la qualité de vie ainsi que ceux validés par les grandes institutions comme l`OMS (Organisation mondiale de la santé), l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale)… ou ceux des précédentes publications sur le même sujet. « Nous tendons à standardiser, formaliser un peu cette approche afin de mieux comparer et donc d’analyser ».
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