Nanoparticules et santé

Evaluation des risques

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Publié le 27/09/2018
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nanoparticules

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Crédit photo : PHANIE

Selon la commission européenne, les nanomatériaux sont des matériaux contenant des particules libres dont au moins 50 % ont une dimension externe comprise entre 1 et 100 nm (les nanotubes en font partie du fait de leur diamètre). Certains sont utilisés dans les produits de consommation, d'autres uniquement en médecine. Mais experts et ONG contestent cette définition estimée trop favorable à l'industrie.


Par leurs dimensions, les nanoparticules se rapprochent des particules atmosphériques ultrafines (ou « nanoparticules non intentionnelles ») et les nanotubes, de l’amiante.
L’impact sanitaire des particules fines et ultrafines de l’atmosphère issues des processus de combustion ou réactions de nucléation, notamment les particules Diesel, est à l’origine des interrogations sur les risques pour la santé et l'environnement de certaines nanoparticules.
Les nanoparticules ont des propriétés physico-chimiques spécifiques très intéressantes que n'a pas l’état massif des matériaux. Les industriels les utilisent pour résoudre de nombreux problèmes : verre « autonettoyant », béton « antisalissure », revêtements bactéricides, matériaux ultrarésistants ou ultralégers… Leur diversité (forme, composition) rend compte de leurs nombreux usages (cosmétique, emballages, textiles, produits alimentaires, médicaments, etc.).
Les nanotechnologies permettent de grandes innovations en médecine (prothèses résistantes et biocompatibles etc.). Elles sont utilisées en thérapeutique comme vecteurs (pour réduire les doses de principe actif, les effets indésirables, la toxicité, l'exposition des organes non-cibles) et en diagnostic comme marqueurs (imagerie tissulaire).

Des inquiétudes

Exposition professionnelle, environnementale, consommation de produits manufacturés… quels sont les risques ? Les nanoparticules peuvent pénétrer par voie respiratoire, digestive ou cutanée, se déposer et persister dans l'organisme. Même agglutinées, leur caractéristique nanostructurée leur confère des propriétés toxicologiques particulières. Dans l’appareil respiratoire, leur taille détermine 3 régions de dépôt. Dans la région nasopharyngée et trachéobronchiale, la clairance mucociliaire et l’élimination sont rapides ; dans la région alvéolaire, la clairance macrophagique est plus lente. Les particules fines > 1 μm, dont les nanoparticules, peuvent atteindre les régions bronchiolaire et alvéolaire et y persister. Quand aux nanotubes, leur similitude de forme avec les fibres d’amiante pose la question de leur persistance dans les poumons.

Chez l'animal, il est démontré que les nanoparticules peuvent franchir les barrières alvéolo-capillaire et intestinale et se transloquer vers d'autres tissus (site majeur d’accumulation, le foie ; sites mineurs le cœur et le rein). Le passage des barrières hématoencéphalique et placentaire est fortement suspecté. Chez l'homme, cette translocation (bien que mise en évidence chez des volontaires), reste controversée.

Les nanoparticules peuvent provoquer stress oxydant et réponse inflammatoire. Des études montrent que certains nanotubes de carbone provoquent chez l’animal des lésions semblables à celles de l’amiante.

Ces données doivent conduire à réévaluer les risques des nanoparticules les plus persistantes comme les nanoparticules de dioxyde de titane, très répandues car excipient de certains comprimés.

* Réponses moléculaires et cellulaires aux xénobiotiques, CNRS UMR 8251, Université Paris-Diderot, membre du Haut conseil de santé publique, présidente d’honneur de la Société française de santé et environnement.
Marano F. Faut-il avoir peur des nanos ? Buchet-Chastel Ed., Paris 2016.

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du médecin: 9689