La loi du 5 août 2021 prévoit l'extension du pass sanitaire et vaccination obligatoire pour les soignants. Désormais, on interdit aux professionnels de santé d’exercer lorsqu’ils ont refusé de se faire vacciner. C’est ni plus ni moins une chasse aux sorcières et cela finit par devenir affligeant. Ça l’est d’autant plus que l’on aurait pu agir différemment.
En 14 jours, on aurait pu - et on pourrait encore - porter un coup décisif à la pandémie ; c’est-à-dire faire presque aussi bien qu’avec les neuf mois de vaccination qui ont suivi neuf mois de tergiversations. On peut se demander pour quelles raisons nos autorités sanitaires se sont montrées si attentistes, avant d’opter par la suite pour une voie sinon compliquée, du moins complexe : la vaccination.
La vaccination a fait infléchir l’épidémie et permettra probablement de la vaincre. Mais elle le fera au terme de longs mois, et sans doute de millions d’injections de rappels supplémentaires, au prix de dépenses faramineuses. Et - ceci est très dommageable - en ayant été clivante au niveau de la population.
La médiatisation faite autour d’elle a été aveuglante ; elle nous a empêchés de voir certaines évidences. J’introduis dans le débat cette possibilité que nous avons eue – et avons encore — d’agir avec efficacité sur l’évolution de cette pandémie. Précisons que ce ne serait pas une solution substitutive à la vaccination mais complémentaire. Elle serait simple à mettre en place et pourrait donner des résultats rapides. Elle ne générerait pratiquement aucune dépense. Il n’y aurait donc pas grand risque à la tenter.
Le masque - qui il y a un peu plus d’un an n’était pas utile et « ne servait à rien en population générale » (dixit le ministre de la Santé) - est curieusement devenu aujourd’hui le pilier de notre système préventif. Un outil, que tout un chacun utilise en étant pleinement conscient de son rôle protecteur. Mais, la vedette, ce n’est pas lui. C’est le vaccin. Alors, on peut s’interroger et se dire : « Ce masque, l’avons-nous vraiment utilisé au mieux de ce que nous pouvions faire ? »
Postulat 1 : Pour signer la fin de la pandémie, il faudrait - ou plutôt, il aurait fallu - que sur une période de 14 jours, plus aucun sujet contaminé ne donne son virus à d’autres personnes encore saines. Si cette situation s’était produite, de manière simultanée, partout sur terre, de toute évidence, l’épidémie aurait reçu le coup de grâce ; elle se serait arrêtée, faute de nouveaux virus en circulation pour continuer à l’alimenter.
Postulat 2 : Comment se fait la transmission ? Le virus ne sort d’un sujet contaminé que par la bouche ou le nez. Occasionnellement par les mains lorsque le sujet contaminé porte celles-ci à son nez ou à sa bouche et touche ensuite des surfaces de son environnement.
Conclusion : un masque mis sur le nez et sur la bouche peut suffire à empêcher la circulation du virus. Si on y associe la distanciation et le lavage des mains*, on renforce l’efficacité de cette mesure. D’ailleurs, durant une période assez longue, les autorités ont rendu obligatoire le masque dans tous les lieux. La seule condition nécessaire et suffisante, c’est donc bien la simultanéité en tous lieux de l’action avec un jour pour la démarrer, et un autre pour la finir. Une évidence. Or, ceci a-t-il été tenté une seule fois depuis le début de l’épidémie ? Que nenni !
Si d’un jour J1 à un jour J14, chaque individu sur terre avait porté un masque, quitte à le porter jour et nuit et à ne l’enlever qu’au moment des repas, en prenant garde qu’il n’y ait personne dans un rayon d’un mètre alentour, on peut imaginer que cette mesure aurait été suffisante - et le serait encore - pour réduire fortement les transmissions et mettre un terme définitif à la pandémie, variants compris. Tous les sujets dont la contagiosité débute à J1, sont des donneurs potentiels de virus pendant un maximum de 14 jours. S’ils portent un masque, ils ne transmettront leur virus à personne. Il est entendu qu’il serait parfaitement inutile d’arrêter de faire fonctionner la société pendant ce laps de temps.
Pourquoi avons-nous raté cette opportunité ?
Il est vrai qu’une telle démarche réclamait de faire confiance à l’être humain ; attitude dont les États, des dictatures aux démocraties, sont peu friands. L’hétérogénéité des actions qui ont été menées ici ou là au long de cette crise sanitaire en sont la preuve. Nous avions affaire à une pandémie. Sa gestion réclamait une conduite mondiale unique et concertée, sous l’égide de l’OMS.
Avant la vaccination, c’était surtout, un peu partout la pétaudière. Lorsque les vaccins ont vu le jour, tous les pays se sont rangés derrière le même étendard, optant pour cette voie disons plus « scientifique ».
À un problème planétaire compliqué ne pouvait correspondre une solution simple. Alors, pour quelle raison a-t-on écarté l’utilisation ciblée des masques ? Toujours est-il que, pour ne pas avoir porté le masque comme on aurait pu et dû le faire pendant une période courte et déterminée, nous nous trouvons aujourd’hui dans la situation où nous allons devoir continuer à l’utiliser pendant un temps probablement long et indéterminé ; tout en demeurant hautement tributaire de la vaccination et de ses très probables rappels.
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* On rappellera ici que, dans les cabinets médicaux, on a vu une chute vertigineuse de toute la pathologie saisonnière infectieuse dès mars 2020 sous l’effet de la seule distanciation (arrêt du serrage de main, des embrassades et lavage des mains). L’arrivée des masques dans un second temps a majoré cet effet.
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