Courrier des lecteurs

A droite, rien de nouveau pour le système de santé

Publié le 17/12/2021

C’est avec intérêt que j’ai lu le dossier du « Quotidien du Médecin » du 3 décembre 2021 concernant les propositions de la droite pour améliorer notre système de santé qui est en grande souffrance. De nombreuses idées ont été formulées pour éviter un chaos qui est inévitable dans ce domaine. En reprenant les différentes « propositions » exposées par Mme Pécresse (qui va représenter LR aux présidentielles), nous pouvons objectiver plusieurs changements mis sur le tapis en ce qui concerne la santé.

Tout d’abord, cette égérie de la droite souhaite réduire la bureaucratie au sein des établissements hospitaliers, et les remplacer par des soignants. En parallèle, elle propose de donner plus de pouvoirs aux chefs de service. Ce vœu est tout à fait pertinent, mais en fait il est le fer de lance de nombreux candidats anciens ou récents. Notre président actuel avait ébauché les contours d’une telle proposition avant d’accéder au pouvoir.

Malheureusement, cette idée aussi intelligente soit-elle n’a jamais été mise en place sur le terrain ! Nous ne devons pas oublier que Mme Pécresse a été ministre de l’Enseignement supérieur et du Budget, et qu’à cette époque, cette idée avait déjà été débattue de ce sujet dans les salons de l’exécutif. Malheureusement, les actes n’ont pas été à la hauteur de ces éventuelles réformes.

Flou sur les déserts médicaux

De plus, en tant que ministre de l’Enseignement supérieur, elle a poursuivi inexorablement la démarche de ses prédécesseurs en ne donnant pas l’impulsion pour supprimer le numerus clausus qui est à l’origine de la désertification médicale.

Augmenter le nombre de soignants au sein des établissements hospitaliers est une mesure respectable, mais quid de leur revalorisation (cette idée n’est pas réellement dans le programme de Mme Pécresse qui explique, droite dans ses bottes, que M. Macron a « cramé » la caisse). Nous ne devons pas oublier qu’une fuite de professionnels de santé est observée au sein des hôpitaux du fait de la plus grande attractivité d'établissements privés.

En ce qui concerne une possible réforme des ARS pour réduire une bureaucratie qui devient prépondérante dans le domaine de la santé, nous notons chez Mme Pécresse inertie et confusion. Tout au plus souhaite-t-elle instaurer un dialogue entre ces instances et les professionnels de santé.

Enfin, pour améliorer les déserts médicaux, elle propose la création de MSP, et donne les contours d’une éventuelle idée d’un possible exercice des jeunes médecins dans des zones déficitaires. Mais, pas de données plus spécifiques sur la durée ni sur l’obligation éventuelle. Notre candidate oublie de donner des précisions concernant ces propositions. De quelle manière va-t-elle vitaliser et permettre d’attirer les médecins vers des zones où les services publics sont absents pour des raisons purement économiques, et où aucune mesure pour dynamiser ces déserts n’a été actée.

De plus, on agite le mouchoir pour mettre en avant la tolérance zéro en ce qui concerne la violence vis-à-vis des professionnels de santé. Cependant dans ce domaine, rien ne change. Pire, alors que depuis 30 ans on dénonce cette situation, le nombre d’incivilités vis-à-vis des médecins ne fait qu’augmenter et demeure très mal pris en compte par le système judiciaire.

Comme l’ont très bien souligné un des membres de l’institut Odoxa mais aussi le rédacteur en chef du «Quotidien du Médecin», il semble que la santé ne soit pas le domaine prioritaire de la candidate LR qui est quelque peu opportuniste car elle revient dans le giron d’une famille qu’elle avait quitté de manière assez tonitruante.

Aussi, plutôt que d’aller faire un pèlerinage sur les terres des malheureux candidats déboutés à l’issue de la primaire de décembre, il serait plus utile à Mme Pécresse d’aller sur le terrain pour prendre en compte les réelles souffrances des professionnels de santé et les problèmes concernant la santé.

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Exergue : La candidate ferait mieux d’aller sur le terrain pour prendre en compte les réelles souffrances des professionnels de santé

Dr Pierre Frances, Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin