Responsable de l’élaboration des sujets soumis aux ECNi, le président du conseil scientifique en médecine*, présente ses plus sincères excuses aux malheureux candidats contraints de repasser plusieurs examens la semaine dernière. Le Pr Jean-Paul Romanet assume pleinement la responsabilité de cet échec, mais il écarte à ce stade de démissionner de son poste.
LE QUOTIDIEN : Comment expliquez-vous les dysfonctionnements intervenus lors de l’édition 2017 des ECNi ?
PR JEAN-PAUL ROMANET : Avant toute chose, je voudrais dire, au nom du conseil scientifique dont je suis le président, que nous devons des excuses aux étudiants. Ce qui est arrivé la semaine dernière est catastrophique. Cela a gravement déstabilisé, voire traumatisé, les candidats. Devant leur désarroi et leur mal-être, nous souhaitons leur faire-part de nos regrets et de notre compassion, ceci de manière extrêmement sincère. Nous tenons aussi à rendre hommage à leur sens des responsabilités. Ils ont tous tenu bon jusqu’à la fin, dans des conditions extrêmement éprouvantes compte tenu de la chaleur qui régnait la semaine dernière.
Qui est fautif ?
Les problèmes rencontrés au cours des épreuves sont sous la responsabilité du président du conseil scientifique, c’est-à-dire moi-même. J’assume pleinement cette responsabilité. À ce stade, je ne peux pas expliquer comment l’un des deux dossiers progressifs en cause a été soumis aux candidats alors qu’il avait été présenté l’an dernier aux ECNi tests de mars [et en préparation privée, NDLR]. Le deuxième dossier avait été quasiment dans sa totalité travaillé par les étudiants de Lyon l’an dernier, ce qui avantageait les 13 à 14 redoublants qui se représentaient cette année.
Comment expliquez-vous la présence de ce dossier dans la banque de sujets éligibles aux épreuves ?
L’expert qui en est l’auteur avait déjà été pris en défaut l’année dernière pour la même raison. Il avait alors été contraint de démissionner de sa fonction. Il nous avait assuré qu’il n’avait pas versé d’autres contributions, ce que nous n’avons pas vérifié. C’est une faute gravissime. Le président que je suis aurait dû effectuer cette vérification. Nous avons bien sûr revu ce dossier mais nous ne nous sommes pas aperçus qu’il avait été donné un an et demi auparavant.
Des sanctions ont-elles été prises à l’encontre de cet enseignant ?
Il y a une procédure disciplinaire en cours, lancée l’année dernière lorsque nous nous sommes aperçus qu’il avait manqué à son obligation de confidentialité.
Quelle est votre responsabilité ?
Ma responsabilité, c’est que je n’ai pas été suffisamment convaincant, il y a un an, pour exiger impérativement des modifications des textes réglementaires. Ces textes imposent que tous dossiers soient annulés en bloc si un problème est détecté sur l’un d’eux. C’est une disposition qu’il faut supprimer. Cela n’empêcherait pas les erreurs mais cela réduirait les conséquences. À l’époque, j’aurais dû me montrer inflexible et dire : « Non, nous ne ferons pas les épreuves tant que ces modifications n’auront pas été faites. » Il faut aussi améliorer la plate-forme logicielle de saisie et de traitement des sujets, en y ajoutant notamment un programme anti-plagiat. Cette réflexion est à l’œuvre au sein des ministères de la Santé et de l’Enseignement, comme il a été annoncé ces jours-ci.
Le ministère vous a-t-il demandé de démissionner ?
Non. Le ministère ne m’a pas demandé de démissionner. Il s’avère que j’avais de toute façon prévu de mettre fin à ma fonction de président du conseil scientifique après ce concours. Je respecterai bien sûr cet engagement dès la rentrée prochaine.
Le conseil scientifique est-il en cause ?
En tant que président, je suis le seul responsable. Je tiens à souligner que le travail du conseil scientifique et de ses membres a été de très grande qualité avec une production des sujets de grande valeur. Je ne veux pas qu’on dise que les choses se font avec légèreté. Ce n’est pas le cas. N’oublions pas que ces gens sont des bénévoles, qui contribuent avec dévouement en plus de ce qu’ils ont à faire dans leur quotidien.
Le jury national a-t-il pris les bonnes décisions en annulant les épreuves ?
C’était un choix extrêmement difficile, mais c’était la bonne décision. Il faut être reconnaissant au jury national et à son président, le Pr Marc Braun, qui a pris cette responsabilité avec courage. C’était indispensable pour éviter les recours juridiques. Si cela n’avait pas été le cas, on aurait eu une forte probabilité pour que les épreuves soient annulées dans leur intégralité et que les étudiants soient contraints de les repasser en septembre. Cela aurait été une catastrophe. Aujourd’hui, ce risque est écarté, même s’il peut toujours y avoir des recours.
Quelle est la part de responsabilité du CNG dans cet échec ?
Le CNG a été pris à partie à tort. Il a effectué un parcours quasiment sans faute au cours de cette édition 2017. Les sept sessions se sont déroulées sans problème technique, ce qui est remarquable compte tenu du défi technologique que cela représente. Sa directrice, Danièle Toupillier et ses équipes, ont fait preuve d’un grand professionnalisme avec un grand sens du devoir. Je tiens aussi à remercier tous les enseignants, tous les personnels de scolarité, ceux de l’informatique et de la logistique, qui ont soutenu et accompagné les candidats dans les 34 centres d’examens.
* Placé auprès du ministre chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, le conseil scientifique en médecine constitue la banque nationale de questions des ECN et effectue le tirage au sort des sujets faisant l'objet des épreuves
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