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Dossier

Coronavirus

Le défi de la médecine de ville

Publié le 06/03/2020
Le défi de la médecine de ville

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GARO/PHANIE

Les autorités sanitaires tentaient jusqu’à présent de freiner l’introduction du coronavirus. Mais devant l’accélération du nombre de nouveaux cas sur l’ensemble du territoire, le gouvernement s’apprête à changer de stratégie. Avec l’entrée imminente en phase 3 (stade épidémique), les médecins généralistes prendront en charge en ambulatoire les futurs patients touchés par le Covid-19, les cas les plus graves étant traités à l’hôpital. Explications du plan de bataille. 

À la veille d’un conseil de défense et d’un conseil des ministres exceptionnels sur le coronavirus présidés samedi dernier par le président de la République, Olivier Véran avait pris soin d’écrire à tous les professionnels de santé. Dans ce courrier daté du 26 février, le ministre de la Santé invitait les acteurs de « première ligne » à se « préparer collectivement face à cette épidémie ». « Si la situation devait s’intensifier avec l’installation d’une circulation communautaire active sur le territoire national, une stratégie de prise en charge ambulatoire des cas ne présentant pas de sévérité serait mise en place », prévenait le ministre. Depuis, les événements se sont emballés. Du stade 1 (avec des cas isolés), la France est passée la semaine dernière en stade 2 (plusieurs foyers sur le territoire national). Devant la forte augmentation du nombre de nouveaux cas ces derniers jours en France – la barre des 250 cas avait été franchie mercredi, ayant doublé en 3 jours –, le pays pourrait rapidement atteindre le stade 3 (stade épidémique). L’objectif du gouvernement consistait jusqu’à présent à tenter de freiner la propagation du virus sur le territoire national, en isolant et en traitant notamment les patients classés « cas confirmés » dans les quelque 140 établissements de santé habilités pour le Covid-19. Après le passage en stade 2, le gouvernement a pris des mesures d’ampleur. Les « rassemblements de plus de 5 000 personnes » en milieu fermé ont été annulés sur tout le territoire. Des dispositions plus strictes ont même été prises dans les clusters de l’Oise, de Haute-Savoie et du Morbihan, en interdisant « tous les rassemblements jusqu’à nouvel ordre ».

Proche du stade épidémique

Malgré ces mesures drastiques, le passage en stade 3 est imminent. Les procédures de confinement et d’isolement ne seraient alors plus de mise. La DGS a déjà informé les professionnels de santé, dans un guide spécifique mis en ligne sur son site, que la gestion de la pandémie nécessiterait de développer une « filière ambulatoire ». Les patients seraient en première intention pris en charge en médecine de ville avec maintien à domicile des cas peu graves tant que leur état le permet. Des recommandations sont en cours d’élaboration pour préciser le rôle exact des professionnels de santé libéraux. Ce nouveau dispositif viserait à ne pas saturer les capacités d’hospitalisation des établissements de santé et à permettre à ces derniers de concentrer leur énergie sur les cas les plus graves. Chaque établissement de santé a été chargé de recenser les hospitalisations pouvant être différées sans préjudice pour le patient. Si le gouvernement a dans un premier temps exclusivement misé sur l’hôpital pour contenir le virus, il ne pourra pas se passer sur le terrain des médecins de famille.

Bénédicte Gatin et Christophe Gattuso