Alors que les trois intervenants de l’atelier consacré au sevrage tabagique étaient à l’unisson en ce qui concerne l’usage des moyens classiques de sevrage (substituts nicotiniques), le débat sur le vapotage a provoqué quelques fausses notes… Dans la salle, 66 % des médecins généralistes interrogés ont déclaré qu’ils recommanderaient la cigarette électronique à un patient qui tente d’arrêter de fumer, alors que 34 % ne le feraient pas.
Un avis partagé par la Dr Marion Adler, médecin généraliste à Paris, spécialisée dans le sevrage tabagique. « Jamais je ne conseillerai à un jeune non-fumeur de se mettre à la cigarette électronique, mais quand on a affaire à des fumeurs, la vape est infiniment moins dangereuse qu’une cigarette classique », a-t-elle déclaré, rappelant que si « la nicotine contenue dans les vapoteuses est responsable du caractère addictif des cigarettes, c’est la combustion qui cause le risque cardiovasculaire ». Et de citer une récente mise à jour de la revue Cochrane (1) qui montre la supériorité de la cigarette électronique sur les autres moyens de sevrage tabagique.
Plus réservé, le Dr Paul Vanderkam, médecin généraliste à Verrière (Yvelines) et l’un des investigateurs de l'étude Ecsmoke, a insisté sur la « grande variété d’usage de la vape, difficile à contrôler dans une étude clinique » et se déclarant par ailleurs « déçu par le faible nombre d’études sérieuses sur le sujet compte tenu de l’explosion de l’usage ». Coordonnée par le Dr Yvan Berlin (AP-HP), l’étude Ecsmoke vise à comparer les effets de la cigarette électronique à ceux des médicaments dans le contexte du sevrage tabagique, mais elle est actuellement interrompue, faute d’un accès à la varénicline.
Quant au Dr Olivier Galéra (Saint-Orens-de-Gameville, Haute-Garonne) qui consacre la totalité de sa consultation à la tabacologie, il « ne prescrit pas la vape car il y a des gros biais dans les études », liés notamment à un suivi trop court, accuse-t-il. « Ce qui me met mal à l’aise, c’est qu’on n’a que quinze ans de recul, ce qui est insuffisant, poursuit-il. Si on se rend compte au bout de trente ans qu’il y a une toxicité, je ne veux pas dire “on ne savait pas” à mes patients ».
Si certaines études font état d’un surrisque de BPCO chez les utilisateurs de cigarette électronique, la Dr Adler reste prudente. « Cela pourrait être attribué au tabagisme qui précédait le vapotage », suggère-t-elle.
D’après l’atelier : « traitements de substitution ou vapotage : que choisir pour le sevrage tabagique ? »
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