EN 2003, en complétant les travaux théoriques de Geoffrey Rose, deux Britanniques, Nicolas Wald et Malcom Law, ont envisagé qu’un comprimé comprenant trois antihypertenseurs à faible dose, une statine à faible dose, de l’aspirine à faible dose et enfin, de l’acide folique, pourrait permettre de réduire de 80 % le risque d’événements cardio-vasculaires majeurs, s’il était prescrit à toute une population, dès lors qu’elle aurait dépassé l’âge de 55 ans. Pour cela, les auteurs s’étaient fondés sur des méta-analyses permettant de modéliser l’effet moyen d’un tel traitement. Le concept soutenu est qu’une diminution modérée de quelques facteurs de risque à l’échelle d’une population, quelle que soit la valeur de ces facteurs de risque, doit avoir un bénéfice clinique ample. Il s’agit du concept de prise en charge du risque à l’échelle d’une population.
De plus, Wald et Law avaient indiqué que tous les composants d’un tel comprimé étant disponibles sous forme de génériques, cette approche pourrait ne pas coûter cher.
Depuis 2003, plusieurs médecins, dont Wald, ont pris des parts dans, voire créé, des sociétés développant de tels comprimés et/ou déposé des brevets concernant certaines formes de polypill et tentent actuellement de les évaluer cliniquement.
L’objectif de l’étude UMPIRE était de déterminer si un traitement, dénommé polypill, peut permettre par rapport à une prise en charge conventionnelle, d’améliorer l’observance et de diminuer la pression artérielle et le LDL cholestérol de patients en prévention cardio-vasculaire secondaire ou primaire mais à haut risque cardio-vasculaire.
Cette polypill, plus justement nommée association thérapeutique fixe, comprenait 75 mg d’aspirine, 40 mg de simvastatine, 10 mg de lisinopril et 50 mg d’aténolol en cas de prévention secondaire ou 12,5 mg d’hydrochlorothiazide en cas de prévention primaire, et était administrée une fois par jour.
L’étude a inclus 2004 patients, en Inde et en Europe.
Des résultats attendus.
À 15 mois, l’observance a été significativement augmentée, de 33 %, chez les patients ayant reçu la polypill par rapport à ceux ayant reçu des soins usuels, passant en moyenne de 66 à 86 %.
Comparativement aux patients du groupe témoin, une baisse significative, de 0,2 mmol/l en moyenne, du LDL a été constatée chez ceux du groupe polypill. À la fin de l’étude, il était en moyenne à 0,843 dans le groupe traité et à 0,886 g/l dans le groupe témoin (p = 0,0005).
La pression artérielle systolique a également significativement diminué, de 3 mmHg en moyenne: 129,2 mmHg dans le groupe traité, à 15 mois, contre 131,7 mmHg dans le groupe témoin (p = 0,0005).
Cette étude n’a pas testé la polypill selon le concept promu par Wald et Law. Elle a simplement évalué l’effet d’une association thérapeutique fixe sur des critères intermédiaires. Cette évaluation a été faite en ouvert, le traitement testé étant fourni gratuitement aux patients randomisés, alors que, dans le groupe témoin, les sujets devaient avoir des soins usuels comprenant les traitements prescrits par leurs médecins. Plus encore, l’observance a été appréciée d’après les déclarations faites par les patients. Tous ces éléments constituent des limites importantes pour reconnaître comme valides la valeur des résultats présentés. Plus encore, ils ne permettent pas de juger de la valeur effective du concept de polypill…
D’après la communication de Simlon Thom (Londres). Use of a Multidrug Pill In Reducing cardiovascular Events (UMPIRE).
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