Selon les estimations de l’International Diabetes Federation, 281 000 hommes et davantage de femmes, environ 317 000, sont décédées de diabète en 2011, le plus souvent en raison d’une complication cardio-vasculaire.
Comme le soulignent les recommandations de la Société européenne de cardiologie, la mortalité cardio-vasculaire est plus élevée chez les femmes diabétiques que chez les hommes, avec un risque relatif de 1,46. La nature du risque a été précisée dans une méta-analyse très récemment publiée dans le « Lancet », qui a porté sur 64 cohortes et plus de 775 000 patients.
Un risque d’AVC plus élevé de 27 %.
Les auteurs ont identifié 17 études d’évaluation du risque d’AVC lié au diabète, comportant des données en fonction du sexe. Par comparaison avec la population non diabétique, ce risque est de 2,28 chez les femmes, et de 1,83 chez les hommes. Ils en déduisent que les femmes diabétiques ont un risque d’AVC plus élevé que les hommes de 27 %. Les auteurs proposent une hypothèse physiopathologique originale. Au cours du « continuum glycémique » que constitue la maladie diabétique, une augmentation chronique et globale du risque cardio-vasculaire serait effective plus précocement chez les femmes que chez les hommes, dès la phase prédiabétique. Ce risque serait par ailleurs moins bien détecté que chez les hommes, et par ailleurs moins bien pris en charge. Ainsi, au cours du diabète de type 2, les femmes arrivées à la ménopause rattrapent voire dépassent le risque cardiovasculaire des hommes. Un dépistage du diabète et une prise en charge précoces chez la femme semblent ainsi s’imposer.
Diabète de type 1 : une mortalité plus élevée de 40 % chez les femmes
Concernant le diabète de type 1, si des différences entre les sexes ont déjà été décrites en terme d’équilibre glycémique et d’observance au détriment des femmes, il n’y avait que très peu de preuves mettant en évidence une vulnérabilité cardio-vasculaire féminine. Une vaste métaanalyse très récente a porté sur plus de 200 000 sujets diabétiques a montré que les femmes sont plus vulnérables que les hommes aux effets délétères du diabète de type 1. L’excès de mortalité globale est augmenté de près de 40 % chez elles par rapport aux hommes, et plus que doublé pour les décès d’origine cardio-vasculaires, en particulier en termes d’événements macrovasculaires.
Plusieurs facteurs semblent être mis en jeu. Les auteurs mettent en avant un contrôle glycémique plus difficile, sur les glycémies et les taux d’HbA1c, en particulier chez les jeunes femmes par rapport aux jeunes hommes, malgré un recours plus fréquent aux pompes à insuline. Ils avancent également une « propension plus grande aux troubles alimentaires et au sous-dosage en insuline ». Il est également envisagé que le risque macro-vasculaire puisse être lié à un émoussement encore plus précoce de l’effet protecteur hormonal en raison du dysfonctionnement de l’axe hypothalamo-pituitaire, fréquemment associé au diabète.
Les recommandations, strictes en France, devraient donc être mises en œuvre avec soin chez les femmes. Il convient également de sensibiliser davantage les femmes au risque cardio-vasculaire et d’insister sur les messages de prévention.
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Des différences quantitatives plus que qualitatives
Un risque cardio-vasculaire plus élevé
Dépister et le prendre en charge
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