La femme est l’égale de l’homme, certes. Mais si les rôles sociaux convergent, les différences corporelles subsistent. Aurions-nous tendance à omettre ces variations ? Oui, observe le Dr Bernadette De Gasquet, spécialiste de biodynamique féminine. « Notre médecine occidentale ne prend pas en compte les particularités de la femme », assène la spécialiste.
Façonnée historiquement par la gente masculine et soumise aux mutations de la société, notre médecine serait plus adaptée au corps masculin qu’à son homologue féminin. Une erreur d’appréciation qui pourrait avoir des conséquences non négligeables - manquements diagnostiques, réponses inadaptées et conseils inappropriés - aux dires du Dr De Gasquet.
Un peu de bon sens
Parmi les spécificités du corps féminin insuffisamment considérées, le Dr De Gasquet énumère : laxité ligamentaire, lordose dorsale, organes suspendus, rétention d’eau, lourdeur des seins, variations pondérales, diastasis, cycle menstruel, etc. « Tout cela est très ignoré en France, contrairement à certaines cultures traditionnelles », regrette l’experte. Reposant exclusivement sur l’Evidence Based Medecine, nos pratiques auraient perdu le bon sens des traditions millénaires. Avec une retombée : celle de la montée d’affections plus ou moins bénignes. Constipation, fuites urinaires, tendinites, prolapsus, douleurs dorsales… autant de troubles routiniers qui bénéficieraient d’une prise en charge plus adaptée.
Spécialiste de dynamique urogynécologique, Bernadette De Gasquet donne l’exemple de la rééducation périnéale, dont elle souligne l’inefficacité : « il faut arrête de pousser vers le bas ! ». La musculature dorsale des femmes étant plus faible, surtout en deuxième partie de cycle, elle est plus soumise à la gravité. « Près de 60 % des femmes, et 80 % des sportives, souffrent de fuites urinaires. Il faut réagir », assène l’experte en périnéologie.
« On a essayé d’imiter les hommes »
Partant de ce constat, certains exercices (abdominaux, rééducation périnéale, musculation, etc.), et postures (portage ventral du nourrisson entre autres) tonifiant la pression abdominale, devraient être proscrits. Tandis que certaines règles simples, à visée non seulement préventive mais thérapeutique, mériteraient d’être énoncées, et pas seulement par les médias féminins, si prompts à l’injonction paradoxale – « tonifiez-vous et relaxez-vous ». Le discours ambiant, modélisé par la pression à la performance, pourrait être contrecarré par des réponses médicales plus sensées. « On traite beaucoup de choses par les médicaments plutôt que par la respiration, la posturologie, les exercices doux », observe Bernadette De Gasquet. Également professeure de yoga et conférencière, la spécialiste espère provoquer un « changement de mentalités » des professionnels de santé. « Jusqu’à maintenant, on a essayé d’imiter les hommes en prônant le dynamisme, et en poussant les limites de notre corps », énonce-t-elle. Il est temps d’accepter le corps de la femme tel qu’il est, et de ré-instiller des soins plus en phase avec ce dernier.
Article suivant
Dépistage en fonction de l’âge et du risque
A l’écoute des différences du corps féminin
Dépistage en fonction de l’âge et du risque
Une décision partagée pour une meilleure observance
Reconnu depuis 1987 mais encore méconnu
Des différences quantitatives plus que qualitatives
Un risque cardio-vasculaire plus élevé
Dépister et le prendre en charge
Des retentissements sur la santé de la mère et de l’enfant
Des localisations préférentielles chez la femme
Pour améliorer la morbidité maternelle et néonatale
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024