Selon des études rétrospectives, seuls 50 à 60 % de patients poursuivent encore leur traitement par agoniste du récepteur au GLP1 (arGLP1) au bout d’un an ; donc, 40 à 50 % l’ont abandonné. Des chiffres similaires sont retrouvés aux États-Unis et au sein de l’Europe, ce qui exclurait le type de système de santé. En revanche, la fréquence avec laquelle est revu le médecin prescripteur pourrait jouer (moins il est revu et plus le risque d’abandon augmente).
Des effets trop indésirables
Les effets indésirables digestifs jouent un rôle important : de 6 à 20 % des patients traités présentent au moins un effet digestif, de modeste à sévère, principalement dans les deux jours suivant l’injection. « Ces effets sont très variables d’un patient à l’autre et surtout, imprévisibles (il n’existe pas de facteurs prédictifs connus des patients qui y seront sujets ou pas) », alerte le Pr Fabrizio Andreelli, diabétologue (CHU La Pitié-Salpêtrière, AP-HP). Certains sont liés au ralentissement de la vidange de l’estomac : c’est un effet utile, car il participe à renforcer la sensation de satiété, mais qui peut aussi favoriser des nausées, plus rarement des vomissements. D’autres sont en lien avec des troubles de la motricité intestinale (diarrhées, constipation).
« Pour limiter les risques, il est essentiel de bien respecter l’augmentation très progressive (mensuelle) de la posologie. Chez les patients sujets à ces troubles, il faut même plutôt attendre deux ou trois mois avant de passer au palier suivant, quitte à revenir à un palier antérieur bien supporté pour éviter l’abandon, préconise le spécialiste. Chez certains patients, il ne sera d’ailleurs pas possible d’atteindre la dose optimale en raison de ces effets digestifs. » Il y a souvent un effet « classe thérapeutique », de sorte que changer de molécule ne résout pas le problème.
Il ne faut pas hésiter à revoir le dosage à la baisse
Pr Fabrizio Andreelli
Efficacité perçue
Plusieurs études sur près de 100 000 patients naïfs de traitement par arGLP1 ont montré que les facteurs prédictifs d’un arrêt du traitement à un an étaient : un âge inférieur à 40 ans ou supérieur à 75 ans, la précarité, une durée de diabète de plus de dix ans, une moindre efficacité du traitement (perte de poids < 3 %, baisse de l’HbA1c < 1 %) ; ces facteurs étaient associés à un risque d’arrêt précoce de 20 %.
À l’inverse, un diabète de type 2 de moins de dix ans et une HbA1c > 8,5 % (plus elle est élevée au départ, plus le résultat sera visible) sont des facteurs prédictifs d’adhésion au traitement au-delà d’un à deux ans.
« D’autres études incluant également les facteurs génétiques de réponse au traitement restent nécessaires pour nous aider à mieux identifier les caractéristiques initiales du patient et personnaliser la prescription et le suivi », note le Pr Andreelli.
Entretien avec le Pr Fabrizio Andreelli (Paris)
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