Retrait de la pioglitazone

Que sont devenus les patients ?

Publié le 24/04/2014
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Crédit photo : PHANIE

La pioglitazone a été retirée du marché en juin 2011. Une étude rétrospective des données de la CNAM de Franche-Comté a évalué l’impact économique de ce retrait en termes d’hospitalisations et de remboursement des traitements et des soins. Manifestement, cet arrêt n’a pas eu d’impact délétère sur le coût en antidiabétiques, le coût global des traitements, ni sur le taux d’hospitalisation à un an. Mais il semble s’être accompagné d’une détérioration des équilibres glycémiques et lipidiques.

L’étude rétrospective est basée sur les données de l’Assurance-Maladie de tout Franc-Comtois de plus de 25 ans affilié au régime général, exposé à un traitement antidiabétique en 2011-2012. Soit 36 254 patients, dont 3 074 sous pioglitazone lors de son retrait.

La photo avant/après est prise durant deux périodes de 4 mois : février à mai 2011, puis février à mai 2012. Elle met en évidence une réduction du nombre total de médicaments utilisés dans le groupe pioglitazone (-3 %), quand ce nombre est stable chez les 33 180 patients non sous pioglitazone (p=0,02). Néanmoins, le nombre de médicaments utilisés en 2011 pèse plus sur cette évolution que le fait d’avoir été ou non sous pioglitazone.

Les autres évolutions –coût en antidiabétiques, en antihypertenseurs, en hypolipémiants, taux d’hospitalisations dans l’année– ne diffèrent pas. Sans surprise, le recours aux inhibiteurs de DDP4, insulinosécréteurs et à l’insulinothérapie a augmenté dans le groupe pioglitazone. Néanmoins pour un tiers des patients (34 %), la pioglitazone n’a pas été substituée.

Une seconde analyse non représentative, restreinte à 54 diabétiques suivis au CHU ou en médecine générale à Strasbourg, s’est penchée sur l’évolution en termes d’HbA1c, de lipides et d’IMC des patients sous pioglitazone, un an après le retrait. Elle met en évidence des augmentations significatives d’HbA1c (+0,5 %), des tryclycérides (+0,3 g/l) et une réduction du HDLc (-0,08 g/l) alors que l’indice de masse corporelle a légèrement baissé (-0,20 kg/m2). Ce qui plaide pour une détérioration métabolique, même si ces données restent fragiles vu l’étroitesse de l’échantillon.

D’après la communication de A. Grgic. Conséquences médico-économiques du retrait de marché de la pioglitazone

Pascale Solère

Source : Le Quotidien du Médecin: 9321