«Notre résultat donne un immense espoir pour l’avenir du prélèvement d’organes», commente le Pr Laurent Hanoun. Il a été permis par une succession de progrès techniques, sur lesquels le «Quotidien» aura l’occasion de revenir. Pour ce qui concerne ce succès, son récit par le Pr Laurent Hannoun indique dans quelles circonstances et limites ce type de greffe à partir d’un donneur décédé par accident cardiaque (DDAC) est susceptible d’être réalisé.
La greffe a eu lieu en début 2010. Le donneur était un homme d’une cinquantaine d’années, qui a fait un arrêt cardiaque. Le SMUR appelé en urgence a appliqué les mesures de ressuscitation cardiorespiratoire habituelles, qui ont échouée. Le patient a été déclaré décédé. Il a ensuite été conduit rapidement au Centre de la Pitié organisé pour réaliser ce type de prélèvement à partir de DDAC, après une coordination entre le SMUR et les équipes de la coordination des prélèvements d’organe et de tissu (Pr Bruno Riou) et de l’unité de Réveil (Pr Olivier Langeron). En France, il y a actuellement neuf sites pilotes pouvant réaliser des greffes à partir de DDAC, dont celui de la Pitié.
Faire recirculer le sang en dessous du diaphragme.
Une circulation régionale normothermique (CRN) a été mise en place, pour faire recirculer le sang en dessous du diaphragme, protocole qui permet le prélèvement des reins et du foie.
Cela fait environ deux ans que des greffes de rein sont réalisées avec succès à partir de DDAC. Il y en a déjà eu une dizaine à la Pitié-Salpétrière en 2010. La technique avait été utilisée pour le foie en Espagne, à Madrid et Barcelone et une douzaine de cas ont déjà été publiés.
L’Agence de biomédecine en France a donné son accord et validé les protocoles pour le foie en juillet 2009.
Le donneur potentiel ne doit pas avoir plus de 60 ans. Le délai entre l’arrêt cardiaque et le début de la réanimation cardiorespiratoire ne doit pas dépasser 30 minutes pour le rein et 15 minutes pour le foie. Et le délai entre le début de l’arrêt cardiaque et le mise sous CRN, ne doit pas excéder 150 minutes (deux heures et demie). Quant à la CRN, elle ne doit pas durer plus de 240 minutes.
Pendant ce temps, des paramètres hépatiques sont mesurés en s’appuyant surtout sur les transaminases. C’est autant leur taux que la cinétique qui sont importants à prendre en considération. Le foie est d’abord retenu si les transaminases ne montent pas au-dessus de 200 UI/l et ensuite si elles baissent, ce qui témoigne de la vitalité de l’organe.
Dans des conditions optimales.
Le prélèvement de l’organe et sa transplantation réalisés par Jean-Christophe VAILLANT se sont ensuite déroulés selon les protocoles standards. «Nous sommes restés dans des critères stricts pour cette première transplantation, pour être dans des conditions optimales», commente le Pr Hannoun. L’expérience permettra sans doute de les préciser en les élargissant. Par exemple, dans les prélèvements standards sur les patients en état de mort encéphalique, on accepte jusqu’à 30% à 40% de stéatose hépatique. Dans le cas présent, l’état hépatique, vérifié par biopsie au moment du prélèvement, était très bon.
Aujourd’hui sont réalisées un peu plus de 1000 transplantations hépatiques par an en France. Comme dans les autres domaines de la greffe, le manque de donneurs se fait sentir. L’option de la greffe du foie à partir de DDAC devrait permettre, pour une part, de palier ce manque. Sur les 12 cas publiés en Espagne, il n’y a eu que deux retransplantations.
«Si nous pouvions réaliser 5 transplantations la première année et 10 la deuxième année, cela constituerait une progrès très important», conclut le chirurgien.
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