LA COMMISSION de la transparence de la Haute autorité de Santé a donc jugé « faible » le service médical rendu (SMR) des quatre médicaments utilisés dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. Elle qualifie leurs effets de modestes avec « une efficacité versus placebo principalement établie sur la cognition à court terme, et dont la pertinence clinique reste discutable ». La commission constate en outre un risque d’effets indésirables pouvant nécessiter l’arrêt du traitement et un risque accru d’interactions médicamenteuses du fait de la polymédication habituelle chez les patients âgés. Ces médicaments continueront malgré tout, pour les patients en ALD, à être pris en charge à 100 % - pour être déremboursés sur décision du ministre, il aurait fallu que leur SMR soit jugé insuffisant. En revanche, la décision de la HAS devrait entraîner une baisse des prix de ces médicaments.
Gilles Bouvenot, président de la commission de la transparence, a précisé que l’avis avait été voté unanimement et a démenti que ce SMR faible soit « l’antichambre du déremboursement ». Pour que le SMR de ces quatre médicaments soit jugé insuffisant, a-t-il précisé, il faudrait qu’un nouveau produit apporte un réel bénéfice, justifiant une dégradation du SMR des traitements existants.
Alternatives.
Au-delà de son avis attendu sur le SMR, la HAS est revenue sur le bon usage des médicaments Alzheimer. La commission recommande, 6 mois après la prescription initiale, une « réévaluation attentive » de la part du médecin prescripteur. S’il est constaté une stabilisation ou un ralentissement du déclin cognitif sans effets indésirables graves, le traitement pourra être poursuivi jusqu’à un an, précise-t-elle. Au-delà d’un an, la commission recommande l’organisation d’une réunion de concertation pluridisciplinaire. Si le médecin traitant et les spécialistes qui suivent le patient concluent à une efficacité du traitement, celui-ci pourra être reconduit. Pour éclairer sa décision, la HAS va mettre en ligne une fiche de bon usage des médicaments anti-Alzheimer. La recommandation de bonne pratique sur cette maladie, suspendue par la HAS le 19 septembre, sera publiée dans sa nouvelle version courant novembre.
À l’UNOF, la branche généraliste de la CSMF, le Dr Michel Combier, sans remettre en cause le bien-fondé de la décision, juge qu’il y aura désormais « suspicion sur les prescriptions, car avec une telle décision, les patients et leur entourage vont mettre en doute la qualité du traitement que les généralistes ont renouvelé à plusieurs reprises ». Pour lui, cette réévaluation aura pour effet de diminuer la prescription de ces médicaments. À MG France, le Dr Claude Leicher estime que l’avis de la HAS va dans le bon sens. « Je salue un début de commencement de transparence, relève-t-il, car la décision de la HAS n’est que le reflet de la réalité constatée ». Il faudra faire de la pédagogie en direction des malades et de leur famille, ajoute le patron de MG France, pour qui d’autres alternatives existent, comme l’accompagnement et la rééducation des patients, ainsi que leur maintien à domicile chaque fois que c’est possible.
Plus de 800 000 personnes en France seraient touchées par la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée. Parmi ces malades, 450 000 sont suivis médicalement (dont 250 000 au titre de l’ALD).
– Voir aussi notre vidéo - le sigle de la semaine : « la HAS réévalue les médicaments anti-Alzheimer »
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