Première cause de handicap acquis

L’AVC de l’enfant : rare et méconnu

Publié le 16/10/2014
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Lors de ces Journées thématiques interactives de la Société française de médecine d’urgence (JT SFMU), un atelier abordera l’ensemble des aspects de la prise en charge de l’AVC de l’enfant. Il est en effet le plus souvent mal reconnu à la phase aiguë. Le délai diagnostique, souvent supérieur à 24 heures, empêche la mise en place d’une prise en charge précoce, qui a pourtant montré son efficacité chez l’adulte.

Chez l’enfant, la survenue soudaine d’un déficit neurologique moteur focal, parfois transitoire et fluctuant, et/ou de crises convulsives, est caractéristique. L’imagerie cérébrale permet de préciser le type d’accident en cause (hémorragie cérébrale, infarctus artériel ou thrombose veineuse) et oriente le diagnostic étiologique. Quelques investigations simples (bilan cardiologique, biologie sanguine ou étude du LCR) vont rapidement permettre de préciser la cause de l’AVC.

La grande majorité des AVC surviennent chez des enfants en bonne santé. Les causes les plus fréquentes sont d’allure banale (infection) ou n’ont pas d’expression clinique jusqu’au moment de l’accident (malformation vasculaire).

Les mesures thérapeutiques immédiates adaptées à tous les AVC sont : surveillance clinique et monitorage continus, maintien de l’homéostasie, traitement de la cause, prévention d’éventuelles complications et rééducation précoce. L’indication des antithrombotiques dépend du mécanisme de l’AVC.

L’amélioration de la prévention, de la prise en charge aiguë et des soins de suite a permis une baisse régulière de la mortalité. Cependant, à long terme, la majorité des enfants gardent des séquelles (motrices ou cognitives). L’AVC reste ainsi la première cause de handicap acquis chez l’enfant. En effet, la lésion cérébrale survient sur un cerveau en plein développement et beaucoup de conséquences – motrices, intellectuelles, comportementales, psychologiques… – n’apparaîtront que plusieurs années après l’accident, une fois que les fonctions cérébrales élaborées seront arrivées à maturation et au moment où les sollicitations environnementales et scolaires augmenteront.

Le ministère de la Santé a créé, dans le cadre du plan national AVC 2010-2014, un centre de référence national de l’AVC de l’enfant. Ce centre, multisites – afin de mutualiser l’ensemble des compétences nécessaires – et labellisé pour 5 ans, est placé sous la coordination du Dr Stéphane Chabrier, pédiatre au CHU de Saint-Étienne.

Une campagne d’information du grand public, accompagnée d’une formation au diagnostic des médecins généralistes, pédiatres et urgentistes doit aujourd’hui absolument être mise en place comme cela a été le cas pour l’AVC de l’adulte.

SMUR pédiatrique, pôle FAME, hôpital Antoine Béclère (AP-HP), Clamart

Mallick AA, O’Callaghan FJ. The epidemiology of childhood stroke. Eur J Paediatr Neurol, 2010;14:197-205

Chabrier S, Kossorotoff M, Darteyre S. Place des antithrombotiques dans l’accident vasculaire cérébral de l’enfant. Presse Med, 2013;42:1259-66

Stroke Unit Trialists’ Collaboration. Organised inpatient (stroke unit) care for stroke. Cochrane Database Syst Rev, 2013;9:CD000197

Dr Jean-Louis Chabernaud

Source : Le Quotidien du Médecin: 9357