C’est une collaboration discrète et plutôt récente, mais efficace et dont les premières concrétisations ont été évoquées lors de l’édition 2017 du Congrès de la médecine générale. Depuis l’accord de 2015 signé entre le Collège de la médecine générale et la Cnamts, les deux institutions ont en effet appris à travailler ensemble. Un partenariat assez innovant alors que, pour l’Assurance Maladie, les relations se limitaient jusque-là aux seuls syndicats. Au départ, il s’agissait notamment d’accompagner le programme de dématérialisation de la Cnamts concernant les protocoles ALD. Mais, depuis lors, les collaborations se sont multipliées.
Côté Cnamts, Nicolas Revel justifie l’intervention du Collège par une double problématique : la nécessité d’utiliser au mieux les ressources médicales dans un contexte de tension démographique et d’optimiser la dépense. « On attend du Collège de jouer tout son rôle en matière d’indépendance, pour que nos actions soient mieux comprises par les généralistes », explique le patron de l’Assurance maladie. De son côté, Pierre-Louis Druais loue une « démarche collaborative », qui l’amène, non seulement à travailler avec l’Assurance maladie mais aussi avec les syndicats. « C’est un partenariat vrai et efficace. On a appris le mode de fonctionnement de la Cnamts. Et on n’hésite pas à se dire les choses », assure le président du Collège, prenant l’exemple des programmes Prado, trop souvent thématiques « et sur le volet scientifique desquels on n’était pas satisfait. Ceci nous a permis de construire ensemble un Prado des plus de 75 ans plus global ».
Rosp Il y a un an, le CMG a ainsi formulé des recos pour faire évoluer la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique. Une première dans l’histoire (courte) de la ROSP et qui ne sera pas sans suite, puisque – comme l’a rappelé Nicolas Revel lors de la table ronde sur la convention – le dispositif sera amené à évoluer en permanence désormais sans attendre le terme de la convention. « Sur la ROSP, nous avons réuni sociétés savantes et syndicats de la profession », rapporte le Pr Druais. « 80 à 90% des recommandations du Collège ont été suivies », estime Nicolas Revel.
Génériques Entre la Cnamts et le CMG, la coopération ne se limite pas au terrain conventionnel. Ainsi, la promotion des génériques en direction des médecins ces dernières années est-elle passée par la case « Collège ». Des mémos pratiques ayant été mis au point à l’intention des prescripteurs à partir de tables rondes organisées avec des praticiens en région en partenariat avec le CMG. S’agissant du médicament, la réflexion porte aussi sur le recours aux benzodiazépines.
Cancer de la prostate Autre dossier d’actualité : le dépistage du cancer de la prostate. Le Collège a prêté son concours à une opération à grande échelle, avec l’Institut du Cancer (INCa) et la Cnamts pour démontrer l’usage inapproprié du PSA. En mars 2016, le Collège a ainsi contribué au cadrage d’une vaste campagne d’entretiens confraternels qui devait conduire les Délégués de l’Assurance Maladie (DAM) a rencontrer plusieurs milliers de généralistes. Bilan plutôt positif selon la présentation faite fin mars lors d’une plénière commune Cnamts-INCa-CMG : 34% des praticiens s’étant dit prêts à modifier - à court ou moyen terme - leur pratique, ce qui, compte tenu des quelques 39% déjà dans les clous, amèneraient près des trois quarts de la profession à suivre désormais des recos plutôt restrictives en matière de dosage du PSA. « On a vraiment fait bouger les habitudes », se réjouit Pierre-Louis Druais, dont la thématique aura été un véritable cheval de bataille de ces dernières années.
Lombalgies Autre réalisation commune : la promotion des bonnes pratiques sur les lombalgies, un enjeu important pour la Cnamts en terme de recours aux IJ et à l’imagerie médicale alors que quatre Français sur cinq seront un jour ou l’autre concernés et que 77% des consultations de ces patients se font en médecine générale. Le projet a donc associé non seulement le Collège, mais aussi les radiologues de la SFR, les médecins du travail de la SFMT, la Société de Médecine Physique et de Réadaptation et le Collège des kinés. Avec un triple objectif : faire connaître et diffuser les recos, élaborer un parcours de soins et prévenir la chronicisation. Toutes opérations gagnantes pour les uns comme pour les autres, selon Pierre-Louis Druais qui tire un bilan enthousiaste de ces deux ans de travail commun : « Il faut mettre dans la tête des médecins que la Cnamts est aussi un partenaire de soins ».
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